Cameroun: exécution sommaire de civils, sept militaires jugés pour leur «assassinat»

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Le 25/06/2019 à 09h48, mis à jour le 25/06/2019 à 09h59

Ces soldats avaient été arrêtés après la diffusion sur Internet, en juillet 2018, d'une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécutant sommairement deux femmes (et deux enfants) soupçonnés de liens avec la secte terroriste nigériane Boko Haram.

Les sept soldats camerounais arrêtés après la diffusion, en juillet 2018 sur Internet d'une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécutant deux femmes soupçonnées de liens avec la secte terroriste Boko Haram, et deux enfants, dont un nourrisson, vont être jugés pour «assassinat», rapporte sur son site Internet le quotidien français Le Monde, qui cite des sources au sein de l’armée camerounaise.

Les chefs d’accusation retenus contre ces militaires sont «coaction d’assassinat, violation de consignes, complicité desdits faits», selon la même source. 

«Le Cameroun ne transige pas avec les écarts de comportements relativement au droit de la guerre, au droit humanitaire, et à la protection des personnes et leurs biens», a déclaré au journal le chargé de communication du ministère de la Défense camerounais, le capitaine de frégate Sergent Cyrille Atonfack Guemo.

Cette vidéo était devenue virale sur Internet. Les médias du monde entier, Amnesty International et des organisations camerounaises de défense des droits de l’Homme ont attribués les actions montrées sur la vidéo à l’armée camerounaise. Ce qu’a démenti le gouvernement dans un premier temps, qualifiant ces informations de «fake news».

Réfutant les accusations sur de «prétendues exécutions sommaires attribuées aux forces de défenses camerounaises», les autorités avaient néanmoins annoncé, le 11 juillet dernier, l’ouverture d’une enquête ordonnée par le président de la République «pour élucider cette affaire» et «en établir les responsabilités».

Le 10 août 2018, le ministre de la Communication de l’époque, Issa Tchiroma Bakary, avait, dans un communiqué, annoncé l’arrestation de sept militaires, dont un lieutenant de vaisseau.

«Les intéressés ont été mis à la disposition de la justice et feront l’objet d’un procès équitable», déclarait alors l’ancien porte-parole du gouvernement, tout en réitérant «la détermination du chef de l’Etat à veiller à ce que les exactions qui peuvent être perpétrées par quelques soldats égarés fassent systématiquement l'objet d'enquêtes et aboutissent le cas échéant à des sanctions appropriées».

L’armée camerounaise est régulièrement accusée d’exactions dans le cadre de sa lutte contre la secte terroriste Boko Haram et les séparatistes anglophones qui sévissent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, ce que le gouvernement a toujours démenti.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 25/06/2019 à 09h48, mis à jour le 25/06/2019 à 09h59