Ethiopie: pour contrer le vol à l’arraché, les autorités éthiopiennes interdisent la circulation en moto à Addis-Abeba

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Le 17/07/2019 à 17h57, mis à jour le 17/07/2019 à 18h22

Face à la criminalité à Addis-Abeba, le maire a opté pour une solution radicale en interdisant la circulation des motos dans la capitale éthiopienne. Seulement, les conséquences de cette décision risquent d’être fatales pour les start-up, notamment celles exerçant dans le secteur de la livraison.

Au problème de vols à l’arraché dont les auteurs utilisent souvent les deux-roues pour commettre leurs forfaits et s’enfuir, les autorités de la capitale éthiopienne ont opté pour la solution radicale.

Ainsi, Takele Uma, le maire d’Addis-Abeba, métropole de 5 millions d’habitants, a interdit depuis le 7 juillet l’utilisation des motocyclettes à cause de nombreux vols à l’arraché et des agressions violentes commis par des motards au cours de ces derniers mois. Toutefois, le maire avait souligné que «l’interdiction épargnera les personnes qui utilisent des motocyclettes pour exercer des activités dûment enregistrées, pour distribuer des courriers ou des colis postaux, ou dans le cadre de missions diplomatiques».

Les responsables d’Addis-Abeba ont adopté cette nouvelle réglementation qui interdit aux deux-roues de circuler dans la capitale après une étude d’une semaine qui a révélé que de nombreuses activités criminelles ont été perpétrées par des personnes utilisant des motocyclettes. Toutefois, une confusion liée à cette interdiction a poussé à l’arrêt total de la circulation des motos à Addis-Abeba. Ceux utilisant les motos à des fins professionnels préférant ne pas prendre le risque d’être arrêtés par la police.

Du coup, pour décision censé réduire les vols à l’arraché, les dommages collatéraux qu’elle induit sont nombreux et handicapants pour la population et les entreprises, particulièrement les nombreuses start-up de la capitale éthiopienne qui ne disposent pas de flottes de voitures pour leurs services de livraison et qui recouraient aux services offerts par les entreprises de motos-taxis, comme c’est le cas partout en Afrique subsaharienne.

Ainsi, en prenant une mesure aussi radicale, les responsables municipaux d’Addis-Abeba n’ont pas mesuré les conséquences désastreuses sur les entreprises, notamment les nombreuses start-up qui se sont lancées sur le marché de livraison rapide de nourriture, médicaments, documents, pièces de rechange, etc.

Conséquence de cette décision, «les scooters électriques sont garés dans la cours où des sacs s’empilent les uns sur les autres. Avec regret, Ambaye Michael Tesfay et son associé, Temesgen Gebrehiwot, ont dû suspendre leur service de livraison, ZMall, après seulement 4 mois d’activité à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne», souligne Le Monde. Une autre start-up Deliver Addis, créée en 2015, a été obligée d’interrompre temporairement ses activités, alors qu’elle était en pleine expansion. Et ce sont de nombreuses start-up qui risquent de fermer si les autorités ne trouvent pas une solution rapide à cette situation. Ce sont ainsi plusieurs milliers d’emplois qui sont menacés par cette décision.

Seulement, pour certains, cette situation pouvait être évitée si la réglementation était plus stricte, notamment en matière de plaques d’immatriculation et de permis pour les motards. En clair, c’est le laisser-aller des autorités qui est à l’origine de l’anarchie et de la montée de la criminalité à Addis-Abeba.

A noter qu’en plus des livraisons, les motos, dont le nombre a explosé à Addis-Abeba, constituent un moyen de transport rapide pour les citoyens pressés et qui souhaitent éviter les embouteillages monstres de la capitale, comme c’est le cas dans toutes les grandes agglomérations africaines.

Par Kofi Gabriel
Le 17/07/2019 à 17h57, mis à jour le 17/07/2019 à 18h22