Le décès de la grande romancière afro-américaine, Toni Morrison, prix Nobel de littérature, a été suivi par une pluie d’hommages attristés et unanimes à cette grande dame de 88 ans, dont l’œuvre a été saluée de tous.
Pour autant, l’hommage de la ministre française du Travail Muriel Pénicaud à l’auteure afro-américaine a détonné et créé une vive polémique.
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«Hommage à une très grande dame, écrivaine, poète et militante, Toni Morrison. Grâce à elle, les Noirs ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature. Les mots réveillent les consciences et les cœurs, ils font reculer le racisme et la haine. Les mots ont un pouvoir», a-t-elle tweeté.
En croyant, peut-être, bien faire, la ministre a heurté bien des sensibilités. A cause de son «Grâce à elle, les Noirs ont enfin pu entrer par la grande porte dans la littérature», le tweet a été ressenti, à juste titre, comme raciste.
L'"hommage" a donc été bien mal perçu et les réactions sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre.
Beaucoup d’internautes ont reproché à Muriel Pénicaud d’ignorer le rôle d'auteurs noirs de renom, dont des précurseurs comme Aimé Césaire, Wole Soyinka, également Prix Nobel de littérature, Jams Baldwin, René Maran, et bien d'autres, qui ont marqué la littérature mondiale.
Parmi ces réactions, figure celle de l’écrivain congolais Alain Mabankou, écrivain et poète congolais, qui a tweeté: «non, Madame la ministre. En France un Noir de la Guyane, Goncourt en 1921 (René Maran), Wole Soyinka (Nigeria), Nobel de littérature. Lisez Du Bois, Himes, Wright, Baldwin, etc. Vous avez l’excuse de l’ignorance, pour cela je vous pardonne ce dérapage choquant…».
D’autres internautes ont qualifié le tweet de «méprisant» et la ministre d’ignorer des décennies de littérature.
Ainsi, pour Alexis Corbière, «tant de mépris, d’ignorance et de condescendance devrait entraîner que cette dame sorte vite par la petite porte de l’histoire».
Pour Ouarda Varda Sadoudi, «c’est ironique ”l’ignorance” selon moi, nous pouvons dire que comme Sarkozy avec [son discours sur] "l’homme noir" n’est pas encore entré dans l’histoire, elle s’inscrit dans le racisme et le relativisme culturel sous couvert de bienveillance et de hiérarchies».
Face à cette polémique qui ne cesse d'enfler, et aux condamnations dverses, la ministre française s'est vue contrainte de supprimer le tweet incriminé, avant de décider de le modifier et de le retweeter en éliminant la partie incriminée.
Malgré tout, la polémique continue.
«Vous avez supprimé [votre tweet] mais on n’oublie pas et ne mettez pas ça sur le compte de la maladresse», a tweeté un internaute, May Vouzetes-Fou.
De même, un autre internaute, Damien Dole, a également tweeté: «devant le shitstorm, créé par son ”Les noirs" (sans majuscule) ont enfin pu rentrer par la grande porte dans la littérature”, Pénicaud a décidé de supprimer. Peut-être qu’elle s’est souvenue qu’Aimé Césaire avait déjà 57 ans quand Morrison a publié son premier roman». Et toc.