Cameroun: les avocats annoncent une grève pour protester contre le non respect des droits de la défense

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Le 03/09/2019 à 07h16, mis à jour le 03/09/2019 à 10h52

Annonce faite à l'issue de la session du Conseil de l'ordre des avocats au barreau tenue le weekend à Yaoundé. Les avocats annoncent la non fréquentation des cours et tribunaux sur toute l'étendue du territoire pendant cinq jours, du 16 au 20 septembre 2019.

Au terme de la session tenue le 31 août dernier à Yaoundé, la capitale, le Conseil de l'Ordre des avocats au barreau du Cameroun annonce «la suspension du port de la robe et de la non fréquentation des cours et tribunaux sur toute l'étendue du territoire pendant cinq jours, du 16 au 20 septembre 2019». Un débrayage engagé pour protester contre des entraves à l'exercice professionnel et aux atteintes physiques contre les avocats. Le Conseil de l'ordre indique entre autres que très souvent le libre accès des avocats à leurs clients dans les lieux de détention leur est refusé.

«Les droits de la défense consacrés par les lois et les traités internationaux ratifiés par le Cameroun sont de manière récurrente violés tant à la phase d'enquête préliminaire qu'à celle d'instruction de jugement», peut-on lire dans les résolutions du Conseil.

Les avocats énumèrent notamment l'audition et la conduite des débats dans des langues autres que celles des personnes poursuivies, l'obtention des aveux par la torture; les détentions illégalement prolongées, la transformation illégale des gardes à vues judiciaires en gardes à vue administratives, les situations de maintien abusif en détention malgré les décisions de mise en liberté, la non réponse à certaines requêtes des avocats, etc.

Par ailleurs, ils dénoncent l'exigence des frais de justice abusifs, notamment «la consignation aux taux disparates et illégaux ainsi que des frais de transports judiciaires exorbitants». Idem en ce qui concerne «l'accaparement» des dossiers par certains chefs de juridiction, créant ainsi un engorgement artificiel à l'origine de lenteurs judiciaires.

Enfin, pour le Conseil, les avocats continuent d'être victimes d'interpellations et détentions arbitraires dans l'exercice de leurs fonctions, au sein de certaines unités de gendarmerie et de police.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 03/09/2019 à 07h16, mis à jour le 03/09/2019 à 10h52