Entre janvier et novembre 2019, au moins 275 personnes, dont 225 civils, ont été tuées au cours d’attaques de Boko Haram dans l’Extrême-Nord du Cameroun, soit l’équivalent de 25 par mois, a déclaré Amnesty International cette semaine.
D’autres personnes ont été mutilées, enlevées ou converties de force à l’islam par le groupe terroriste depuis le début de l’année en cours, poursuit l’organisation des droits de l’Homme qui s’inquiète de la recrudescence des attaques djihadistes dans cette partie du pays proche du Nigeria. Les membres des comités de vigilance, les personnes âgées, affaiblies ou en situation de handicap figurent souvent parmi les victimes.
Amnesty dit avoir documenté, au cours d’une enquête de terrain, des «crimes de droit international» et une «série d’abus des droits humains» commis par le groupe armé sur la période susmentionnée, y compris des pillages et incendies de maisons et de centres de santé. Les populations interviewées par l’organisation ont déclaré se sentir abandonnées par les pouvoirs publics.
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«Les personnes que nous avons rencontrées dans l'Extrême-Nord vivent dans la terreur. Beaucoup ont déjà été témoins d’attaques de Boko Haram et ont perdu des proches ou des connaissances. Elles ne se demandent plus s’il y aura de nouvelles attaques mais quand cela arrivera. Elles se sentent complètement abandonnées», a déclaré mercredi Samira Daoud, directrice régionale par intérim d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du centre.
Pour Amnesty, les autorités camerounaises doivent intervenir en renforçant la protection dans l’Extrême-Nord pour assurer la sécurité des villageois terrorisés par Boko Haram qui ont fui leur domicile et dorment désormais en plein air, loin des villages, s’exposant ainsi aux intempéries et aux maladies.
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De même, «tous ces actes de violences doivent faire l’objet d’enquêtes dans le but de traduire les responsables en justice», affirme Samira Daoud. Le 9 janvier dernier, le président Paul Biya annonçait que Boko Haram avait été «repoussé hors de nos frontières» et ne «représentait plus qu’une menace résiduelle».
Seulement, en mai dernier, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, a reconnu que les attaques de Boko Haram ont connu un «regain de vitalité et de forme» dans l’Extrême-Nord et a annoncé le renforcement du dispositif opérationnel de lutte contre le groupe terroriste dans cette région.
Ce qui n’empêche pas Boko Haram de faire des incursions en territoire camerounais. Dernière attaque d’une série depuis que le Cameroun a déclaré la au groupe terroriste en 2014, le kidnapping d’au moins 21 civils le 4 décembre dernier à Mbreché, non loin de la frontière nigériane.