A l’annonce de la confirmation de deux cas d’infection au nouveau coronavirus (COVID-19) le 6 mars dernier au Cameroun, Pascaline N., cadre dans une multinationale à Yaoundé, la capitale, a aussitôt couru au supermarché pour s’approvisionner en denrées alimentaires non périssables. «Je préfère me constituer un stock de sécurité, au cas où l’épidémie venait à se répandre», affirme la jeune femme de 38 ans, qui craint une pénurie de produits alimentaires consécutive à l’épidémie de COVID-19 qui touche de nombreux pays dans le monde.
Une appréhension qui peut se justifier, dans la mesure où le Cameroun dépend en grande partie des importations en produits alimentaires de grande consommation (riz, pâtes, poissons, lait, sucre, blé, etc.) pour faire face à la demande nationale.
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«Rien ne justifierait une pénurie ni une spéculation des prix pendants les trois prochains mois», rassure cependant le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana. Pour faire le point sur l’état de la situation nationale, le ministre a réuni les acteurs de la filière agroalimentaire et de la distribution ce mercredi 11 mars 2020. Cette rencontre a permis d’aborder la problématique de l’approvisionnement du marché national «au regard de l’environnement sanitaire international de l’heure», d’évaluer les besoins des marchés en produits de grande consommation afin d’éviter toute tentative de spéculation et d’échanger sur les voies et moyens nécessaires pour maintenir les prix et réguler ces approvisionnements au regard des perturbations causées par la propagation du COVID-19 qui s’est déclaré fin décembre dernier en Chine, avant de s’étendre à d’autres pays.
Il en ressort que les stocks des produits de grande consommation disponibles pourraient couvrir une période de trois, voire quatre mois. Soit 191.265 tonnes de riz, 40.718 tonnes de poisson, 100.302 tonnes de pâtes alimentaires et 2.165 tonnes de lait. «Le Cameroun n’étant pas dépendant de la Chine en termes d’importations, très peu de produits alimentaires proviennent de ce pays. Il s’agit du poisson, notamment le tilapia et les silures. En plus de la production locale de ces deux variétés, les importateurs de cette filière promettent de mettre sur le marché, en compensation, des poissons aux saveurs similaires», indique le ministère du Commerce sur sa page Facebook.
Selon le ministre du Commerce, l’indice de prix du Programme alimentaire mondial (FAO) fait état d’une réduction des prix au niveau mondial due à une bonne disponibilité de ces différents produits. «Aussi, le coronavirus pourrait entraîner une demande moins forte de produits alimentaires, du fait du confinement des populations dans certains pays», affirme Luc Magloire Mbarga Atangana. Le membre du gouvernement promet des sanctions contre tous ceux qui s’amuseraient à créer des pénuries ou à faire de la spéculation autour desdites denrées alimentaires.