Cameroun: comment le Covid-19 accélère la dématérialisation des services dans l’administration

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Le 14/06/2020 à 07h54, mis à jour le 14/06/2020 à 08h26

La crise sanitaire a contraint la machine administrative à mettre davantage d’attention sur le numérique pour garantir la continuité du service public, tout en respectant les règles de distanciation sociale.

Hasard du calendrier ou opportunité? En pleine crise sanitaire liée à la gestion de l’épidémie du nouveau coronavirus (Covid19) dans le pays, les autorités camerounaises ont procédé, le 5 juin 2020, au lancement officiel du nouveau système d’information douanière baptisé Cameroon Customs Information System (Camcis).

Un projet développé avec le concours de la Corée du Sud, issu d’un contrat de Partenariat public-privé (PPP) conclu entre la société Campass Plc et l’État du Cameroun.

«L’usager n’a plus besoin de se rendre dans les services des douanes pour le suivi de ses déclarations. Il peut mener toutes les opérations de dédouanement depuis sa maison, ce qui réduit considérablement les contacts entre les agents des douanes et les usagers», indique le ministre des Finances, Louis-Paul Motaze.

L’application, lancée le 6 avril dernier au Port autonome de Douala (PAD), arrive fort à propos, alors que la distanciation sociale est le leitmotiv des autorités et des entreprises, d’autant plus que des cas confirmés positifs au Covid-19 dans les rangs de la douane ont fait craindre un certain ralentissement des activités de ce secteur, grand pourvoyeur des recettes à l’État.

Des cas de contamination ont été signalés à la direction générale à Yaoundé, la capitale et épicentre de l’épidémie, ainsi que dans deux secteurs importants à Douala, la métropole économique.

«La paralysie de ces unités de coordination et de collecte des ressources budgétaires pourrait aggraver les déséquilibres multiformes déjà relevés aux niveaux économique, financier et budgétaire», indiquait le ministre des Finances dans une note.

Une dématérialisation accélérée du côté du Guichet unique du commerce extérieur (Guce) du Cameroun. Ici, sont notamment réalisées les déclarations d’importation, les rapports sur la valeur de classification, les redevances marchandises au Port autonome de Kribi, les contrôles d’identification des véhicules importés, etc.

Par ailleurs, longtemps considéré comme un mastodonte de paperasse, le ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative a également accéléré sa révolution numérique suite à la pandémie, avec la digitalisation de la plupart de ses services et procédures, au grand bonheur des usagers.

En effet, depuis ce lundi 8 juin 2020, plus besoin par exemple de faire la queue pour les dépôts de candidature en pleine saison des concours administratifs.

«La composition des dossiers et l’attente pour le dépôt était par le passé une grande épreuve physique et de nerfs», témoigne Patrick N., diplômé d’une grande école de formation technologique et coutumier de ces concours depuis quelques années. Une dématérialisation qui concerne aussi le suivi des carrières, l’obtention des actes administratifs, l’intégration des fonctionnaires, etc.

De fait, aujourd’hui dans l’administration, les vidéoconférences se sont démocratisées, limitant ainsi les déplacements et de coûteux frais de mission notamment, même dans les régions éloignées de Yaoundé et Douala, les deux grandes métropoles du pays.

Dans cette logique par exemple, le ministère des Postes et Télécommunications a récemment organisé une concertation pour «proposer des idées et des solutions (numériques) concrètes pouvant permettre à l’État du Cameroun de gérer la crise occasionnée par le Covid-19».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 14/06/2020 à 07h54, mis à jour le 14/06/2020 à 08h26