Cameroun. Covid-19: la difficile bataille des autorités pour faire respecter les mesures-barrières

Les religieux capucins confectionnent des masques de protection contre le Covid-19 pour venir en aide aux populations vulnérables.

Les religieux capucins confectionnent des masques de protection contre le Covid-19 pour venir en aide aux populations vulnérables.. DR

Le 19/07/2020 à 12h34, mis à jour le 20/07/2020 à 11h57

Ils sont de plus en plus nombreux à ne pas appliquer les gestes-barrières, alors que le pays a passé le cap des 16.000 cas positifs. Face à la situation, certains appellent le gouvernement à prendre des mesures coercitives.

Gestes barrières négligés, non-application de la distanciation physique, masques délaissés… Au Cameroun, ils sont nombreux à ne pas respecter les mesures gouvernementales de lutte contre la pandémie de Covid-19, alors que le virus circule activement au sein de la population. Notamment le port du masque, obligatoire dans les lieux publics depuis le 13 avril dernier. Dans la rue, les transports en commun, les marchés, les débits de boissons, etc., très peu de Camerounais portent cet équipement de protection. Ce, malgré les multiples appels des autorités à la prudence et à l’autodiscipline.

Des attitudes qui inquiètent ceux qui sont conscients du danger que représente la maladie. «Les gens se comportent comme si la maladie n’était plus là. Ils sont pleins dans les bars, les marchés, s’embrassent, discutent sans masque. C’est complètement irresponsable», se désole Martine B., cadre d’entreprise. Certains habitants accusent le gouvernement d’être responsable de cette situation. «Ce qu’on observe aujourd’hui est la conséquence des décisions prises par le gouvernement. Quel intérêt d’autoriser la réouverture des bars alors que la maladie est encore présente? C’est donc à eux de mettre un terme à cet incivisme», fustige Patrice K., retraité.

L’annonce des mesures d’assouplissement, fin avril, en vue d’atténuer l’impact socioéconomique de la pandémie sur les entreprises et les ménages, a entraîné un relâchement des mesures barrières. Certains, au sein de la population, ont perçu cette décision comme une victoire sur la maladie. Ces comportements expliquent en partie la hausse des cas de contaminations enregistrés dans le pays, où l’on dénombre désormais plus de 16.000 cas positifs de Covid-19, dont plus de 373 décès. Face à cette situation, le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a récemment instruit aux collectivités territoriales d’intensifier la sensibilisation auprès des populations. Au ministre de la Santé publique, le chef du gouvernement a demandé de renforcer la surveillance épidémiologique et la détection précoce des cas.

Mais beaucoup pensent aujourd’hui que la sensibilisation ne suffit plus, qu’il faut passer à la répression. «Il faut des mesures coercitives pour amener les populations à respecter les mesures-barrières. Sans cette pression, on aura beau appeler à la responsabilité, rien n’y fera», avance Gérard E., patron d’une PME. En mai dernier, le gouvernement a demandé aux maires de sanctionner le défaut du port de masque notamment par une amende, avant de se raviser. Dans le sérail, certains ont justifié ce revirement par la volonté pour les autorités de «préserver le climat social».

Lesquelles espèrent toujours ramener les populations à la raison, en appelant à la responsabilité individuelle et collective. «En l’absence d’un vaccin et d’un médicament proprement dit contre le Covid-19, le respect des mesures barrières et des règles d’hygiène constitue le moyen le plus efficace pour réduire les risques de contamination, en particulier dans les établissements ouverts au public, tels que les débits de boissons et autres lieux de loisirs», a réitéré le 14 juillet dernier, le chef du gouvernement.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/07/2020 à 12h34, mis à jour le 20/07/2020 à 11h57