Covid-19: au Cameroun, nombreux sont ceux qui pensent que c'est fini

Hôpital Central de Yaoundé.

Hôpital Central de Yaoundé. . DR

Le 13/09/2020 à 10h05, mis à jour le 14/09/2020 à 13h13

Presque cinq mois après l’assouplissement des mesures de lutte contre la Covid-19, les règles sanitaires élémentaires semblent avoir été oubliées par une grande partie des Camerounais. Un relâchement qui inquiète les autorités sanitaires qui requièrent des sanctions contre les récalcitrants.

Depuis l’assouplissement de certaines mesures de lutte contre le Covid-19 en avril dernier, les autoritaires sanitaires n’ont cessé de le répéter: «Le Cameroun n’a pas encore vaincu le coronavirus». L’épidémie est certes sous contrôle, mais le virus circule toujours. Le risque d’une nouvelle vague épidémique est réel, si les mesures de distanciation et les gestes barrières ne sont pas respectés.

Malgré ces multiples rappels à l’ordre et mises en garde, les règles sanitaires élémentaires semblent avoir été oubliées par une grande partie des Camerounais. A Yaoundé et Douala par exemple, les deux grandes métropoles du pays et les deux plus grands foyers de l’épidémie, de nombreuses personnes se comportent comme si la maladie n’était plus qu’un lointain souvenir.

Le masque, pourtant obligatoire, a pratiquement disparu des lieux publics, ceux qui arborent cet équipement de protection étant parfois regardés comme des extraterrestres ou objets de railleries. La surcharge a repris droit de cité dans les transports en commun. Les bars, églises et autres lieux de loisirs ne désemplissent plus. La joie des retrouvailles se manifeste à nouveau par des accolades et des baisers. «Le corona est fini. On l’a vaincu grâce à nos écorces traditionnelles», affirme, dans un grand éclat de rire, Nsangou, taximan. L’homme, la cinquantaine bien entamée, arbore cependant un masque…mais sous le menton!

«C’est juste au cas où les policiers veulent me déranger pour me soutirer de l’argent», dit-il sans sourciller. C’est que, certains estiment que la maladie est vaincue et ne s’embarrassent plus des règles de précaution recommandées. Un relâchement dans les mesures barrières qui inquiètent les autorités, à la veille notamment de la rentrée scolaire et universitaire et la réouverture des frontières aériennes. Des événements qui pourraient être source d’une nouvelle vague de contaminations, prévient le ministère de la Santé publique. Ce, alors que l’enjeu aujourd’hui est «de garantir une reprise sécurisée du cours de la vie sociale, économique et culturelle, tout en préservant la santé des populations», selon la même source.

«Les efforts de maîtrise de l’épidémie se reprécisent mais doivent se poursuivre en se renforçant. Pour le moment, nous continuons de rapporter plus de 300 nouveaux cas confirmés par semaine. Nous devons descendre en dessous de 100 cas malgré qu’on teste plus. Protégeons la vie», a recommandé le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, le 3 septembre sur Twitter. Alors que le pays a franchi cette semaine le cap des 20.000 cas positifs confirmés, le ministère requiert des sanctions contre tous ceux qui bafouent les mesures gouvernementales de lutte contre le Covid-19. Toute chose qui pourrait saper les efforts consentis depuis le début de l’épidémie le 6 mars dernier.

«Incontestablement, il apparaît aussi de plus en plus évident qu’il faut y ajouter une dose appropriée de répression. Il faut "traiter" ceux que l’honorable Cavaye Yeguié (président de l’Assemblée nationale, NDLR) appelle les récalcitrants. Et dans cette veine, les autorités administratives et traditionnelles disposent d’un arsenal varié de mesures dissuasives et modulables, susceptibles de nous permettre d’affronter sereinement les défis qui s’annoncent», affirme Dr Georges Alain Etoundi Mballa, directeur de la lutte contre la maladie, les épidémies et les pandémies.

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 13/09/2020 à 10h05, mis à jour le 14/09/2020 à 13h13