Les résultats des concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), publiés le 4 octobre, sont au cœur d’une vive polémique au Cameroun.
Ce mercredi 14 octobre, le «Mouvement 10 millions de Nordistes», qui défend les intérêts des ressortissants des régions septentrionales du pays (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord), a annoncé le dépôt devant le tribunal administratif du Centre à Yaoundé, des requêtes aux fins de sursis à exécution desdits résultats. Ce mouvement dénonce le non-respect du quota réglementaire.
Selon son porte-parole, le journaliste Guibai Gatama, seulement 18% de places ont été réservés aux candidats des régions septentrionales lors de la session 2020, au lieu des 30% prévus par les textes réglementaires. Ce que réfute le gouvernement, qui parle d’«allégation injustifiée».
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«Au terme des opérations de dépouillement et de classement des notes en respect avec les conditions d’admission et les quotas régionaux, lesdites régions totalisent, au regard des résultats définitifs, 117 candidats définitivement admis, soit 28% des places», affirme le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, Joseph Lé, dans une mise au point ce mardi.
«Il en résulte que les 2% des places dues à ces régions n’ont pu être attribués à l’une des régions de ce pool, en raison de la non-satisfaction par les candidats qui en sont originaires, des conditions admission», poursuit le ministre. Autrement dit, ces candidats n’ont pas eu la moyenne de 12/20 requise pour être définitivement admis à un concours administratif.
Pour le membre du gouvernement, toute polémique sur ce sujet est «sans objet», car les 28% des places attribuées auxdites régions découlent de la prise en compte des notes obtenues par les candidats qui en sont originaires et la répartition des quotas par région.
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Le «Mouvement 10 millions de Nordistes» conteste ces chiffres qui ne reflètent pas «la sincérité» du décompte des résultats et en appelle désormais, «dans un esprit républicain», à la justice pour trancher. Cette polémique autour des résultats de l’ENAM n’est pas nouvelle. Depuis quelques années, des soupçons de corruption, de favoritisme et de trafic d’influence pèsent sur cette école.
Le directeur général de cette école, Pierre Sombou Angoula, est accusé d’avoir «mis» une dizaine de personnes de sa «famille» à l’ENAM à la faveur des récents concours. L’année dernière, certains candidats se sont retrouvés à la fois sur la liste des admis et sur la liste d’attente. L’admission d’un mort en 2017 avait provoqué un tollé dans le pays.