Cameroun: une cinquantaine de Camerounais expulsés des Etats-Unis

Des Camerounais rapatriés des Etats-Unis, en attente à l'aéroport de Douala.

Des Camerounais rapatriés des Etats-Unis, en attente à l'aéroport de Douala.. DR

Le 19/10/2020 à 10h25, mis à jour le 19/10/2020 à 10h26

Originaires majoritairement des régions anglophones en proie à la crise, ces Camerounais avaient émigré clandestinement aux Etats-Unis où ils espéraient obtenir l’asile politique. Ils sont arrivés la semaine dernière à bord d’un avion affrété par les gouvernements américain et camerounais.

Quelque 57 Camerounais expulsés des Etats-Unis sont arrivés à bord d’un vol spécial la semaine dernière à l’aéroport international de Douala, dans la métropole économique, suite à une opération de rapatriement menée par les gouvernements des deux pays. Le quotidien public Cameroon tribune confirme ainsi ce qui avait été annoncé sans beaucoup de détails par la radio Voice of America.

Ces derniers, dont 12 femmes, étaient entrés illégalement aux Etats-Unis en passant par le Guatemala et le Mexique, précise la Crtv, la radio d’Etat. Selon le média public, ils avaient été interpellés dans l’Etat du Texas, dans le sud des Etats-Unis, en situation irrégulière et mis dans un avion pour le Cameroun.

Les personnes rapatriées sont issues majoritairement des régions anglophones en proie à la crise depuis fin octobre 2016. Ils auraient fui les violences dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour les Etats-Unis où ils espéraient obtenir l’asile politique en évoquant des «menaces pour leur sécurité», apprend-on. Ce, alors que l’administration Trump a durci les conditions d’asile pour les clandestins, en interdisant notamment aux migrants ayant traversé illégalement la frontière depuis le Mexique de déposer une demande d’asile. Des proches des personnes expulsées ont fustigé cette décision, affirmant à La Voix de l’Amérique (VOA, sigle en anglais) que celles-ci risquent d’être persécutées à leur retour.

«Vous avez peur soit des combattants séparatistes, soit des militaires. Et lorsque vous quittez ces régions pour les zones francophones, on vous perçoit comme un séparatiste. Il faut quitter le Cameroun pour les Etats-Unis en vue, peut-être, de chercher asile. Pourtant, on veut vous renvoyer au Cameroun où vous n’avez pas la paix. C’est une violation des droits humains», a déclaré Jennifer, dont le frère, dit-elle, a quitté la zone anglophone l’année dernière pour fuir les violences. D’autres, par contre, saluent cette décision, les Etats-Unis étant notamment accusés d’abriter les cerveaux des milices séparatistes qui financent la lutte armée depuis ce pays.

«C’est une grande initiative qui doit être applaudie parce qu’il était temps que ces gens soient rapatriés pour répondre de leurs crimes. Ils doivent revenir au pays pour que nous voyions ensemble comment mettre terme à la crise qui fait souffrir les populations depuis quatre ans», a réagi l’activiste camerounaise Hilda Manga. Celle-ci a participé, en août dernier, à une manifestation devant les bureaux de l’ambassade des Etats-Unis à Douala pour réclamer du gouvernement américain, l’inculpation ou l’expulsion des personnes soupçonnées de soutenir les séparatistes. Le gouvernement n’a pas encore communiqué officiellement sur ce «rapatriement forcé».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 19/10/2020 à 10h25, mis à jour le 19/10/2020 à 10h26