Les condamnations se sont multipliées au lendemain d'une tuerie ayant emporté la vie de pauvres écoliers dans la région anglophone du Sud-Ouest camerounais. «Révulsé par le massacre d'enfants dans une école à Kumba ce matin, je condamne cet acte barbare avec la plus grande fermeté. Ses auteurs devront être traduits en justice et condamnés. Tous les efforts doivent être désormais réunis pour mettre un terme au conflit dans le #NOSO», à écrit sur son compte Twitter Christophe Guilhou, l'ambassadeur de France à Yaoundé.
Maurice Kamto a réagi avec la même indignation: «Au moins 6 enfants massacrés et une dizaine de blessés dans l'attaque d'une école à Kumba. Horreur absolue. Ma peine est sans borne. Je condamne cet acte odieux avec la dernière énergie. Combien de morts faut-il encore pour qu'une solution politique ramène la paix dans le NOSO?».
Les faits sont indescriptibles. Des individus armés non identifiés ont ouvert le feu, samedi 24 octobre, dans une école privée à Kumba, localité de la région anglophone du Sud-Ouest en proie à la crise depuis fin octobre 2016. Au moins 6 élèves ont été tués dans l’attaque, selon un bilan provisoire lu à la radio publique. Plusieurs autres élèves ont été blessés, dont certains grièvement.
Les cas graves ont été évacués à l’hôpital de district de Kumba. Médecins Sans Frontières (MSF) a annoncé en début de soirée avoir reçu un total de dix blessés âgés de 10 à 15 ans. «Parmi ces patients, cinq ont été déférés par notre service d’ambulance vers d’autres hôpitaux pour un traitement spécialisé, quatre continuent de recevoir un traitement à l’hôpital général presbytérien (PGH) de Kumba. Un patient a malheureusement été déclaré mort à son arrivée», indique l’organisation internationale humanitaire dans une déclaration publiée ce jour.
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Selon le préfet du département de la Meme, Chamberlain Ntou Ndongo, les assaillants ont fait irruption en plein cours dans des salles de classe et ont ouvert le feu sur les élèves, avant de prendre la fuite. Des ratissages sont en cours pour les retrouver et les arrêter «par tous les moyens».
L’autorité administrative a par ailleurs ordonné l’arrestation des populations riveraines auxquelles il reproche de n’avoir pas réagi lors de l’attaque menée en plein jour dans cette école. «Toutes les populations voisines qui ont vécu la scène de manière inactive seront interpellées», a-t-il annoncé. Le gouvernement a fermement condamné cet «acte odieux, barbare et lâche».
Une enquête va être ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cet acte et rechercher activement les auteurs afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice, a déclaré le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, à l’issue d’une réunion de crise qu’il a présidée à Yaoundé, la capitale. En attendant, une mission interministérielle va se rendre «dans les brefs délais» à Kumba à l’effet de «témoigner la compassion des pouvoirs publics, réconforter les victimes et leur apporter l’appui nécessaire et réaffirmer la détermination de la République à garantir la sécurité des personnes et des biens et garantir une année scolaire sereine». Cette tuerie intervient 19 jours après la rentrée scolaire.
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Cette année, plus d’un million d’élèves ont repris le chemin des classes le 5 octobre dernier dans les régions anglophones. Le gouvernement avait appelé les parents d’élèves à laisser les enfants aller à l’école, affirmant que toutes les mesures étaient prises pour garantir la sécurité des élèves et du personnel éducatif. Mais l’école où l’attaque a eu lieu est un établissement scolaire «non déclaré», d’après le préfet. «Toutes les écoles opérant à Kumba devraient déclarer leurs activités. Car si les forces de l’ordre ne savent pas que certaines écoles opèrent à Meme, il leur sera difficile de sécuriser toutes ces écoles», a déclaré le préfet.
L’attaque n’a pas été revendiquée, mais les autorités locales l’attribuent aux groupes sécessionnistes qui militent pour l’indépendance des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. «Nous déplorons les pertes tragiques en vies humaines dans la communauté de Kumba. Cette attaque, qui a vu des enfants abattus alors qu’ils étaient à l’école, est un acte répréhensible et indécent. Les structures civiles, y compris les écoles et les hôpitaux, ne devraient pas être des cibles», a soutenu Alberto Jodra Marcos, coordonnateur d’urgence de MSF dans la région du Sud-Ouest.