CEDEAO: la monnaie unique renvoyée aux calendes grecques

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Le 17/08/2017 à 18h06, mis à jour le 17/08/2017 à 18h24

La monnaie unique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), prévue auparavant en 2020, est reportée aux calendes grecques. Sa mise en place va nécessiter encore 7 à 10 ans à cause d’un certain nombre de facteurs.

Le rêve d’une monnaie unique au niveau de la CEDEAO à l’horizon 2020, comme le prévoyait l’agenda de l’organisation, s’est éloigné avec la dernière sortie de Marcel de Souza, président de la Commission de la CEDEAO. Une annonce qui intervient alors qu’on parle de plus en plus de la nécessité d’abandonner le franc CFA et de créer une monnaie africaine.

Pour le président du Conseil, la CEDEAO doit encore attendre entre 7 et 10 ans pour espérer lancer sa monnaie commune. Il a fait cette annonce à la sortie d’une audience que lui a accordée le président Mahamadou Issoufou, président du Niger, qui assure depuis 2013 la coordination de la coopération monétaire en vue de mettre en place une monnaie unique de la CEDEAO.

Ce pessimisme s’explique par le fait que l’analyse des critères de convergence ont montré des insuffisances notables. Les grandes lignes de cette convergence concernent la réglementation financière, la politique monétaire, le déficit budgétaire, l’harmonisation des politiques de change, la situation des comptes extérieurs, le mécanisme de change et le taux optimal d’inflation. Marcel Alain De Souza ne s'est pas privé de citer en exemple le Ghana, dont l'inflation atteint un taux annuel de 15%, ou encore le Nigeria qui fait face à d'énormes contraintes budgétaires du fait de la chute de la production et des cours mondiaux de pétrole. D'autres pays comme la Côte d'ivoire, touchée par la baisse des cours du cacao, ont également été contraints de faire exploser leur déficit budgétaire.

Pour le président de la Commission de la CEDEAO, «une économie est convergente lorsqu’elle a une politique budgétaire coordonnée à la fois avec une politique monétaire et une politique d’endettement. Ce qui n’est pas encore le cas actuellement pour nos Etats, où l’inflation constitue un véritable problème».

Partant, souligne De Souza, «l’analyse des critères de convergence et de visibilité montre qu’on ne pourra pas aller à la monnaie unique à cette date».

A noter que la monnaie unique constitue actuellement le plus grand chantier sur lequel est engagée la CEDEAO après l’entrée en vigueur du Tarif extérieur commun (TEC) qui prévoit la mise en place d’un marché commun à travers la libéralisation des échanges.

La monnaie unique reste donc le projet phare qui permettra une véritable intégration de la CEDEAO. Cet ambitieux projet va résoudre l’équation que constitue la pluralité des monnaies au niveau de la CEDEAO: franc CFA pour les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, cedi ghanéen, naira nigérian, franc guinéen, leone sierra léonais, dalasi gambien et peso cap-verdien. A terme, toutes ces monnaies devraient disparaître pour laisser la place à une devise unique avec une institution d’émission et une banque centrale.

Par Moussa Diop
Le 17/08/2017 à 18h06, mis à jour le 17/08/2017 à 18h24