Afrique: une révolution verte pour nourrir le continent

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Le 04/09/2017 à 18h02

Abidjan accueille durant 5 jours le Forum sur la révolution verte en Afrique. La rencontre va permettre de réfléchir sur un secteur à la croisée des chemins, peu productif, alors qu’il a le potentiel pour alimenter tout un continent et même au-delà.

L’agriculture africaine, potentiellement riche en ressources, est encore à la traîne près de 60 ans après les indépendances. Un chiffre pour l’illustrer: alors que l’on utilise en moyenne dans le monde 120 kilogrammes d’engrais à l’hectare, sur le continent l’on en est qu’à 14 kg. Un gap qui suffit, selon les experts, à expliquer les difficultés du secteur à faire face aux besoins nutritionnels du continent. La question a été abordée ce lundi au cours d’un atelier portant sur le rôle de la recherche et de l’innovation dans le processus de transformation de l’agriculture africaine, en ouverture de la 7e édition du Forum sur la révolution verte en Afrique, organisée par l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA).

Avec un rendement faible, un accès limité aux semences de qualité, aux meilleures techniques agricoles et à la technologie, l’agriculture africaine doit relever de nombreux défis. La région est importatrice nette de produits alimentaires. Selon la Banque africaine de développement (BAD), les importations nettes de produits alimentaires devraient tripler d’ici dix ans, passant de 35 milliards de dollars en 2015 à 110 milliards en 2025.

Et si l’on tient compte de sa démographie galopante - la population africaine va franchir le cap de 2 milliards d’habitants d’ici 2050 - la facture va inexorablement se rallonger si rien n’est fait d’ici là pour changer la donne.

Ces sommes sont englouties au détriment des paysans africains qui gèrent généralement de petites exploitations familiales dont ils ne peuvent tirer des revenus décents en raison d’une faible productivité certes, mais aussi d’un accès difficile au marché. En outre le manque de financement n’offre aucune perspective de développement au secteur.

Par ailleurs, la vulnérabilité au climat est un facteur aggravant. L’agriculture africaine est essentiellement pluviale, et donc dépendante des saisons pluvieuses. Un profil qui la rend particulièrement vulnérable face aux aléas du climat extrêmement variable et changeant.

Pour les experts, avec environ 60% des terres arables non cultivées, une révolution verte est possible et même urgente en Afrique. Le continent a en effet les atouts et les enjeux portent à la fois sur la lutte contre la pauvreté, la croissance économique, et l’emploi des jeunes : 300 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché de l’emploi d’ici 2025 d’après la BAD.

Au total, ces questions seront abordées au cours de ces 5 jours de réflexion afin de tenter de donner un ultime élan au secteur agricole africain qui doit soit tenter de renverser la tendance, soit sombrer avec le retour à grande échelle de la malnutrition, voire de la famine.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 04/09/2017 à 18h02