Quand les géants américains du fast-food s’intéressent (enfin) à l’Afrique francophone

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Le 05/05/2018 à 10h05, mis à jour le 05/05/2018 à 10h08

Les grandes marques américaines de fast-food vont-elles enfin s’intéresser à l’Afrique francophone? A l’exception notable du Maroc, ces marques avaient jusqu’ici opté pour les pays anglophones du continent. Mais le succès de Burger King et l’arrivée de KFC à Abidjan et à Dakar marquent un tournant.

L’Afrique francophone est désormais dans le viseur des grandes enseignes mondiales du fast-food. Successivement Burger King, puis KFC ont fait leur apparition sur le marché ivoirien en l’espace de deux ans. KFC présent à Dakar, a également ouvert en début d’année son premier restaurant à Tunis.

Des faits loin d’être anodins quand on sait que depuis l’ouverture du premier McDonald’s en Afrique il y a un quart de siècle à Casablanca, en 1992, ces enseignes avancent leurs pions à pas hésitants. Si McDonald’s a limité ses tentacules à Tunis, au Caire et à l’Afrique du Sud, avec une implantation prévue au Kenya (annonce faite en fin d’année), KFC a une étendue plus large.

L’enseigne couvre les 13 pays anglophones et lusophones d’Afrique australe, en plus du Nigeria, du Ghana, de l’Egypte et du Maroc.

La faible implantation sur le continent n’a cependant aucun lien avec le fort potentiel du secteur. Avec, à titre d’illustration, une quarantaine de restaurants McDonald’s repartis dans une dizaine de villes marocaines, et plus de 800 restaurants KFC en Afrique du Sud, le potentiel de développement est patent.

Et au regard de la nouvelle dynamique économique et démographique du continent africain, ces firmes pourraient être amenées à élargir leurs perspectives d’implantation. Avec une population de 1,2 milliard (en 2016 selon les Nations-Unies) qui devrait doubler d’ici 2050, le continent va voir grossir sa classe moyenne sous l’effet de la croissance économique.

Abidjan, un cas d’école?

La relance de l’économie ivoirienne donne déjà de premiers indices. En décembre 2015, Burger King, l’une des plus grandes marques américaines de fast-food, pour sa première implantation en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud, ne choisit pas Lagos, Accra ou Nairobi, mais Abidjan, la capitale ivoirienne. Une démarche inhabituelle qui s’avère a priori être un success story.

En deux ans, sept Burger King ont ouvert à Abidjan. Et selon le media français Le Monde Afrique, ce sont 900 000 repas pour près de 6 millions d’euros, soit un peu plus de 3,6 milliards FCFA de chiffre d’affaires que Burger King a réalisé dans le pays. Et de nouveaux autres restaurants sont même prévus dans la capitale ivoirienne.

Ce succès a-t-il emballé KFC qui avait pourtant été le premier annoncé sur le marché ivoirien longtemps avant son compatriote?

Le spécialiste américain du poulet a en tout cas fait le pas en ouvrant fin avril son tout premier restaurant ivoirien, après Dakar et Tunis. Plusieurs sources évoquent même que McDonald’s serait en embuscade sur les bords de la Lagune Ebrié, tentant de prendre pied dans l’une des économies les plus dynamiques du continent.

Ainsi, les marchés subsahariens d’Afrique francophone, jusque-là vierges de fast-food, pourraient bien être le nouveau champ de bataille des géants américains américain de la restauration rapide.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 05/05/2018 à 10h05, mis à jour le 05/05/2018 à 10h08