Davido, Sidiki Diabaté, Fally Ipupa, Serge Beynaud... de nombreuses stars africaines ont chanté sur scène pour saluer la mémoire du "Daishinkan", surnom de DJ Arafat (en référence à un superhéros de BD), au stade Félix Houphouët Boigny d'Abidjan, le plus grand du pays.
Vendredi soir, le ministre ivoirien de la Culture, Maurice Bandaman, a décoré à titre posthume de l'ordre national du mérite culturel DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Houon, "pour son immense contribution au rayonnement artistique" de la Côte d'Ivoire. La cérémonie, digne de funérailles nationales, a été payée par l'Etat ivoirien.
DJ Arafat est mort le 12 août des suites d'un accident de moto à Abidjan. Sa musique au rythme endiablé, le coupé-décalé, à la fois genre et attitude, est né en 2003 dans les boîtes de nuit ivoiriennes puis s'est popularisée dans toute l'Afrique.
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Au lever du jour samedi, peu après 06H00 (locales et GMT), la dépouille du chanteur est arrivée au stade pour un dernier adieu, saluée par les applaudissements de la foule, alors que le cercueil était déposé sur un piédestal au centre de la pelouse. L'ambiance festive qui prévalait jusqu'alors a fait place à une grande émotion, de nombreux jeunes "Chinois" - le surnom des innombrables fans du chanteur - tombant en pleurs.
- 'On a perdu un grand homme' -
"La cérémonie était super, émouvante. On a perdu un grand homme", a confié à l'AFP Raymonde Nguessan. "Arafat était ma vie, ma source d'inspiration", a déclaré Samuel Kablan, les larmes aux yeux.
DJ Arafat, qui était père de cinq enfants, devait ensuite être inhumé dans l'intimité familiale au cimetière de Williamsville, dans la commune populaire d'Adjamé, à Abidjan.
Alors qu'on avait craint des débordements, la cérémonie d'hommage s'est finalement passée dans le calme. Quelque 6.500 hommes des forces de l'ordre avaient été déployés pour assurer la sécurité.
Dans plusieurs quartiers populaires d'Abidjan, comme Yopougon, Koumassi, Abobo, des écrans géants avaient été installés pour permettre au plus grand nombre de suivre la cérémonie, qui était aussi retransmise en direct par la Radio-Télévision publique ivoirienne.
Le décès du "Yorobo" (un autre de ses surnoms) a suscité un émoi national en Côte d'Ivoire : dirigeants politiques, stars de football et artistes de renom se sont succédé pour "saluer son talent".
Né d'un père ingénieur du son réputé et d'une mère chanteuse, le jeune DJ Arafat s'était formé à la musique sur le tas. DJ dans les maquis de la rue Princesse à Yopougon, le grand lieu de la fête à Abidjan, il avait percé avec le titre "Jonathan" en 2003, avant d'enchaîner les tubes pendant 15 ans : "Kpangor" (2005), Djessimidjeka (2012), Maplorly (2015), Dosabado (2018), entre autres.
- Sur le trône du coupé-décalé -
Arafat a "révolutionné le coupé-décalé, en mélangeant les sons, les rythmes. Il s'est par exemple inspiré de musiques traditionnelles africaines, mais aussi de l'afrobeat nigérian, du rap, du baile funk brésilien. Il était aussi un danseur exceptionnel et a associé à sa musique des concepts de danse nouveaux", explique Franck Alcide Kacou, directeur label et publishing d'Universal Music Africa (filiale de la multinationale Vivendi), la compagnie qui produisait l'artiste depuis 2013.
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"Il était l'artiste le plus influent de l'Afrique de l'Ouest, avec une communauté de deux millions de fans sur facebook. Il avait une véritable aura", selon M. Kacou. "Il commençait à percer en Europe et en Amérique, à toucher un public au-delà de la diaspora ivoirienne". Sur son dernier album, "Renaissance", sorti fin décembre 2018, il avait invité des artistes internationaux tels que Maître Gims, Dadju, Davido et Fally Ipupa.
"Il est parti de rien, il a pris le trône du coupé-décalé. Vraiment ça c'est quelque chose qui motive les jeunes aujourd'hui, ceux qui n'ont rien", a témoigné auprès de l'AFP une de ses fans, Olga Manou, étudiante.
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"C'était une personnalité clivante. Il était très sensible, d'où ses réactions +sans filtre+. Mais c'étaient aussi des coups marketing", selon M. Kacou.
DJ Arafat avait été désigné "meilleur artiste de l'année" aux Awards du coupé-décalé en 2016 et 2017. Il avait aussi été distingué en 2012 "meilleur artiste africain" au Kora Music Awards, des récompenses musicales panafricaines.