Cette année, tout porte à croire que la Côte d’Ivoire disposera de suffisamment de moutons. «A cause de la baisse du naira, les grossistes se détournent du Nigeria et préfèrent venir vendre en Côte d’Ivoire», nous explique Ali Maïga, le premier responsable du marché à bétail de Yopougon, la plus grande commune d’Abidjan. L’homme, frêle, la cinquantaine gère un espace de près d’un hectare morcelé en une multitudes d’enclos plus ou moins délimités.
Ce mercredi matin, le paysage du parc dominé par les couleurs blanc et des moutons présente peu d’attroupements. C’est que le marché offre des prix à même de tremper biens des ardeurs. «L’année dernière, j’ai acheté un mouton à 80.000 Francs CFA (121 euros) et pour une bête de même gabarit, on me parle de 180.000 francs», nous rapporte inquiet Yacouba Sidibé. Une situation que ne nie pas Maïga. «Nous sommes informés qu’il y a de nombreux camions en route pour la Côte d’ivoire depuis le Mali, le Niger et le Burkina Faso et d’ici vendredi vous allez voir,…».
Cette prédiction nous est confirmée par un Haïdara Amadou, un vendeur du parc que se fit à son flair de vendeur affiné par des décennies de pratique : «Telle que je vois déjà les choses-là, je sais qu’il y aura plus de moutons cette année», nous confie-t-il.
En attendant, les prix continuent d’atteindre les sommets. Il faut compter entre 100.000 FCFA (153 euros environ) et jusqu’à 300 000 FCFA (458 euros) voire plus pour acquérir un mouton. Des prix qui amènent certains à reporter leurs achats à la veille de la fête, espérant jouer les maîtres-chanteurs face à des commerçants venues des pays limitrophes qui pourraient préférer alors brader leurs marchandises que de retourner avec.
«Ce n’est pas toujours que ça marche. Avec les moutons que nous attendons, les prix peuvent baisser, mais s’il y a suffisamment de clients les prix peuvent remonter même la veille et on n’est pas toujours sûr d’avoir les meilleures bêtes», prévient Maïga.
Au moins 300 à 400 ventes par commerçant
Malgré tout, les commerçants du parc attendent de faire de bonnes affaires cette année encore. «Depuis des années que nous sommes sur ce site, aucun commerçant ne pourra dire qu’il vend en dessous de 300 à 400 bête pendant la période de Tabaski», explique avec fierté notre interlocuteur, qui partage notre curiosité de connaître les détails de ses propres ventes.
A la question de savoir l’impact que pourrait avoir l’endommagement du pont ferroviaire de Dimbokro ce mardi sur l’approvisionnement du marché, notre inquiétude est vite dissipée : «il y a suffisamment de camions pour remplacer les trains», rassure-t-il.