Côte d’Ivoire. climat: la BM annonce un scénario catastrophe

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Le 14/07/2018 à 13h00

La Côte d’Ivoire est particulièrement menacée par le changement climatique dont les effets devraient gravement compromettre ses réalisations économiques. La Banque mondiale en a donné l’alerte à l’occasion de la présentation d’un rapport ce 12 juillet.

L’exposition de la Côte d’Ivoire au changement climatique pourrait la conduire à un scenario catastrophe dans seulement quelques décennies d’après les conclusions du 7ème rapport-pays présenté ce jeudi par la Banque mondiale. 

Et pour cause, le pays dont le couvert forestier ne représentait plus que 14% du territoire en 2010 contre 37% en 1960, a mis en péril son « capital naturel » et est aujourd’hui l’un des pays enregistrant le plus fort taux de déforestation au monde. Une situation cauchemardesque dans un pays agricole qui dépend des aléas climatiques. Les forêts tropicales répondent aux « besoins vitaux au niveau local, en régulant les températures, en aidant à générer les précipitations et en purifiant l'air et l'eau. Des forêts saines aident les communautés rurales à prospérer » rappelle le rapport.

Au niveau agricole, l’une des grandes victimes sera la filière cacao qui « représente environ un tiers des recettes d’exportations et plus de 10 % des recettes fiscales » et qui fait vivre « plus de 5 millions » de personnes. Sous l’effet des perturbations climatiques, les sols seront « plus arides et moins fertiles » privant le pays d’une partie de la zone de production traditionnelle qui deviendra impropre à cette culture.

Egalement, dans ce pays en bordure de mer où la zone littorale (qui comprend Abidjan, la capitale) génèrent « 80% du PIB », la situation est encore plus inquiétante : « deux tiers de ce littoral est affecté par l’érosion côtière, avec des conséquences dramatiques pour les communautés et l’économie du pays », note la Banque mondiale.

Selon les estimations l’institution présentées dans le rapport, le changement climatique pourrait induire « une baisse du PIB de l’ensemble de l’Afrique de l’ordre de 2 à 4 % d’ici 2040 et entre 10 à 25 % d’ici 2100 ». Et pour la Côte d’Ivoire, cela correspondrait à « une perte de l’ordre de 380 à 770 milliards de francs CFA en 2040 », soit 580 millions et 1,2 milliard d’euros.

« Ce rapport lance un cri d’alarme afin de susciter une prise de conscience rapide et collective » a commenté Pierre Laporte, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire.

Au niveau national, le pays qui s’est engagé à réduire de de 28% ses gaz à effet de serre d’ici 2030 dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, a annoncé en mai dernier un plan d’investissement de 616 milliards FCFA sur dix ans, soit un peu plus de 939 millions d’euros, en vue de restaurer, sauvegarder et étendre son couvert forestier.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 14/07/2018 à 13h00