Côte d’Ivoire: la filière de la noix de cajou en manque de débouchés

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Le 10/09/2018 à 11h01, mis à jour le 10/09/2018 à 11h03

La Côte d’Ivoire peine à vendre ses noix de cajou. Une situation qui se perpétue, dans un contexte où la demande est en berne auprès de ses principaux clients. 150 000 tonnes de ces noix sont ainsi stockées dans le pays, en attente de potentiels acheteurs.

La noix de cajou fait de moins en moins recette en Côte d’Ivoire. Celle qu'on a surnommé le « cacao » du nord ivoirien et qui, avec la hausse fulgurante des cours de ces dernières années, menaçait d’évincer le coton, culture traditionnelle de cette partie du pays, vit aujourd'hui une succession de crises.

Un fait décrié par les paysans désormais contraints de brader leur récolte entre 200 et 250 FCFA le kilogramme, soit moitié moins que le prix officiel a fixé à 500 FCFA (0,76 euros) depuis le début de la campagne agricole. 

La faute revient à un marché international moins demandeurs d’un produit acheté trop cher aux paysans ivoiriens selon les experts, mais également à la faiblesse de la demande chez les principaux clients du pays. «Malheureusement, nous n'avons que deux clients. Il y a le Vietnam, qui absorbe environ 70% des exportations de noix de cajou. L'Inde, qui absorbe environ 28% de nos exportations, et le Brésil, environ 2%. Et quand il y a des difficultés dans un pays comme le Vietnam, cela a un impact négatif sur nos ventes et nos exportations», a confié à Reuters Adama Coulibaly, le directeur général du Conseil du Coton et de l’Anacarde, l’organe public en charge de la gestion de la filière.

En mai dernier, le secteur avait connu une période de tensions similaires avec la difficulté des exportateurs à trouver des preneurs pour une production achetée trop cher. Des centaines de camions se sont alors trouvés bloqués dans le port d’Abidjan. Et ce sont actuellement 150 000 tonnes de noix qui sont toujours stockés dans le pays selon les paysans, confie Reuters.

Premier producteur mondial de noix de cajou avec 771 000 tonnes en 2017, la Côte d’Ivoire ne transforme que 6% de sa récolte, une situation qui l’expose donc aux caprices du marché international. Toutefois, grâce à un financement de 200 millions de dollars obtenu auprès de la Banque Mondiale en avril dernier, le pays compte porter ce taux à 50% d’ici 2020.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 10/09/2018 à 11h01, mis à jour le 10/09/2018 à 11h03