Côte d’Ivoire: les législatives font sauter les alliances politiques

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Le 29/11/2016 à 07h32, mis à jour le 29/11/2016 à 09h51

A trois semaines des élections législatives, les nerfs des politiques ivoiriens sont mis à rude épreuve. Entre intimidations et probable reconfiguration du champ politique, les supputations vont bon train.

Il y a déjà le nombre: 1.153 candidats vont en découdre pour les 255 sièges parlementaires à pourvoir. La coalition au pouvoir, principale représentation politique du pays, en compte 244 contre 186 pour le FPI dirigé par Affi N’Guessan. Le reste des candidats est composé de candidats indépendants qui se réclament en partie de la coalition au pouvoir.

Le fait est que le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), coalition au pouvoir, s’est lancé dans un processus d’unification de ses 5 partis membres. Mais, il n’est pas parvenu à convaincre de son impartialité dans la répartition des postes de candidatures. Le PDCI et le RDR se sont arrogés l’essentiel des sèges, laissant le menu fretin aux autres membres, l’UDPCI, l’UPCI et le MFA.

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L'UDPCI et l'UPCI, non satisfaits, ont décidé de faire front et de présenter des candidats sous leurs propres bannières, des candidats en concurrence avec ceux de la coalition au pouvoir. Et là, la sanction à été sévère et sans appel. Leurs présidents respectifs, Albert Mabri Toikeusse et Gnamien Konan, ont été débarqués ce vendredi du gouvernement par le président Alassane Ouattara, ainsi que leurs collaborateurs.

«Le chef de l’Etat nous a égorgé mais nous ne sommes pas encore morts», a commenté dans la presse ce lundi, Albert Flinde, vice-président de l’UDPCI, lui aussi démis de son poste de conseiller d’Alassane Ouattara. Des propos extrêmes qui trahissent mal la colère.

Ces deux partis vont-ils en rester là et faire profil bas ou franchir le cap en quittant le RHDP? La question est sur toutes les lèvres …

De son côté le RDR, le parti d’Alassane Ouattara, a décidé de sanctionner ses cadres qui ont outrepassé les décisions du parti. Quant au PDCI, il a convoqué en urgence ce lundi ses membres qui ont décidé de se présenter en indépendants.

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Dans l’opposition, le professeur Mamadou Koulibaly, du parti Lider, proche du «Front du refus» dont les membres ont décidé de bouder encore ce scrutin législatif, a fait faux bond à ses camarades d’hier. Cet ancien cadre du FPI et ex-président de l’Assemblée nationale du temps de Laurent Gbagbo a décidé de présenter des candidats. Une posture qui a fait dire à la presse qu’il y aurait un rapprochement entre ce dernier et le FPI d’Affi N’Guessan. «Il est trop tôt pour le dire», a-t-il répondu sans pour autant nier cette éventualité.

Pour les opposants, l’enjeu est bien de pouvoir revenir au sein du parlement après une absence de cinq ans depuis la dernière législature. Quand au RHDP, il est question de montrer qu’il reste le maître du jeu politique ivoirien, et se rassurer quant au soutien populaire. D'ailleurs, les indépendants pourraient bien jouer le rôle d’arbitre et faire pencher la balance d’un côté ou d'un autre.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 29/11/2016 à 07h32, mis à jour le 29/11/2016 à 09h51