Côte d’Ivoire: l’armée française veut redorer son image

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Le 06/02/2017 à 15h58, mis à jour le 06/02/2017 à 16h08

Après la crise armée ivoirienne, l’armée française tente de redorer son image en Côte d’Ivoire. Niant toute volonté d’implication dans la situation interne du pays, elle soutient se limiter à des actions de coopération militaire, sans toujours convaincre.

«Nous ne sommes plus Licorne, les Forces françaises présentes en Côte d’Ivoire n’ont aucune vocation à intervenir dans les affaires ivoiriennes. La sécurité du pays et sa politique sont du ressort des autorités ivoirienne». Cette mise au point, faire au cours d’une conférence de presse ce samedi, par le colonel Jean Luc Kuntz, patron des Forces française présentes en Côte d’Ivoire (FFCI), vise à mettre un terme aux suspicions autour de son action dans le pays. Déployée au lendemain du déclenchement de la rébellion armée en septembre 2002, la «Force Licorne» avait eu une action qualifiée tantôt de controversée tantôt de salvatrice selon les forces en présence. Et les évènements de ces derniers temps ont suscité la polémique sur cette présence.

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La presse ivoirienne d’opposition s’était en effet fait l’écho de mouvements des forces françaises ces dernières semaines alors que le pays était confronté à une mutinerie de grande ampleur. La France se préparait t-elle à intervenir en cas de pourrissement de la situation en soutien au régime d’Abidjan? «Il n’en est rien. Nous ne sommes ni présents à Man (Ouest), ni présents à Yamoussoukro (capitale politique au centre du pays). S’il y a eu une présence de nos engins à un moment, c’est en raison d’un déploiement de nos troupes pour assurer la logistique et d'un renfort aux opérations Barkhane (Sahel) et Sangaris (Centrafrique)», a expliqué à la presse le Colonel Kuntz.

Toujours pour justifier cette présence, l’homme a insisté sur la mission de formation des troupes. «Chaque année, nous en formons une centaine. Cette année encore, nous poursuivons le programme, concernant les unités de lutte contre le terrorisme. Car comme en France avec le Bataclan, la Côte d’Ivoire a subi l’attaque de Bassam», a-t-il ajouté.

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Dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, depuis la fin de la crise postélectorale aucun acte anti-français n’a été enregistré. Mais le ressentiment à l’égard de l’armée française est loin de s’être dissipé.

«Nous allons toujours considérer l’armée française comme une force d’occupation. Elle n’a plus sa place ici», a fait savoir Konan, ex-sympathisant de la galaxie patriotique, proche de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo. Comme beaucoup de ses amis, il accuse l’armée française d’avoir été à l’origine de la chute de leur mentor, aujourd’hui détenu et jugé à la Haye (Pays-Bas) pour crimes contre l’humanité.

Mais pour Abraham Denis Yoroba, président de l’ONG Action pour la protection des droits de l’Homme (APDH), la nouvelle mission des Forces françaises est celle qui lui sied. «Si l’armée française ne peut pas s’immiscer dans le débat politique, elle a en revanche un droit d’ingérence humanitaire. Elle apporte toujours assistance à des populations. Cela ne devrait nullement poser problème», estime-t-il.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 06/02/2017 à 15h58, mis à jour le 06/02/2017 à 16h08