«J'ai été ministre de la Défense, de telles questions relèvent du secret défense. Vous comprendrez que je m'interdise de tout commentaire. Je suis favorable à l'enquête, j'ai vigoureusement recommandé à mon collaborateur de se mettre à la disposition des enquêteurs». Telle est la réaction de Guillaume Soro, pour tenter de faire taire les suspicions.
Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne est en effet au cœur d’une polémique sur la découverte d’une cache d’armes au domicile de son bras droit, Souleymane Kamaraté, son actuel chef de protocole, qui fut par ailleurs son fidèle compagnon durant la rébellion. Des armes de guerre dont des lance-roquettes et des bazookas qu’on ne saurait considérer comme faisant partie d’une collection personnelle.
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Cette question prend des allures d’affaire d’Etat. Après que le ministre de la Défense a annoncé qu’une enquête était bien en cours, et après la perquisition de la gendarmerie, c’est le chef d’état-major général de l’armée qui a fait le déplacement à Bouaké, ce jeudi, pour inspecter de visu la villa au sein de laquelle il a pu apercevoir des caisses d’armes éventrées.
«Nous avons fait le constat de la villa où se trouve la cache d'armes, toutes les armes ont été enlevées et les enquêtes sont en cours pour voir s'il y a d’autres caches d'armes», a confié le général Touré Sékou à la télévision nationale.
Les mutins préparaient-t-ils une riposte?
S’il y a un fait qui n’échappera pas aux enquêteurs, c’est bien le timing choisi par les mutins pour dénicher cet arsenal dans la résidence du chef de protocole de Guillaume Soro. C’est en effet dans la nuit du dimanche à lundi que ces derniers avaient fait irruption dans la villa en question. Cela, alors que quelques heures auparavant, l’armée ivoirienne annonçait une «action» militaire pour déloger ses «soldats récalcitrants» de la ville de Bouaké.
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Est-ce une coïncidence fortuite? Devant la menace d’intervention de l’armée ivoirienne, les mutins ne cherchaient-ils pas à s’approvisionner pour tenir tête à la cohorte armée venue d’Abidjan? Qui avait intérêt à voir la crise s'enliser?
La piste est d’autant plus probable que selon des médias locaux, les mutins se préparaient à distribuer des armes à des civils en vue de leur porter main forte.
Les armes ont-elles été déposées exprès dans la résidence pour éclabousser Soro, comme le prétendent ses proches qui continuent de dénoncer «un complot»?
Une commission du parlement a également appelé à une enquête parlementaire sur cette affaire de découverte d’armes qui défraye la chronique.
Reste à espérer que ce ne sera pas une énième affaire qui restera sans suite comme les Ivoiriens en ont l’habitude.