L’ex-chef d’Etat Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), serait-il agacé par le silence de son allié sur la question de la présidentielle de 2020? Après avoir annoncé clairement qu’en «2020 le PDCI présentera un militant actif à la présidentielle», il vient cette fois réclamer publiquement l’application de l’appel de Daoukro.
Ce «pacte» lancé en septembre 2014 et par lequel le PDCI renonçait à présenter un candidat à la présidentielle de 2015 en apportant son soutien au président Alassane Ouattara, laissait implicitement entendre que le RDR -Rassemblement des républicains- devait soutenir le candidat du PDCI à la présidentielle de 2020.
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«L’appel de Daoukro supposait que nous soutenions Alassane Ouattara et qu’après son second mandat, le RDR passerait la main au PDCI, ce qui ferait qu’il y aurait eu une sorte d’alternance», a confié l’ex-chef d’Etat à la chaîne française TV5 Monde, dimanche 18 juin.
De retour à Abidjan hier après une dizaine de jours en Europe, le président Alassane Ouattara, interrogé sur la question, a préféré botter en touche. «Je n’ai pas connaissance de la déclaration du président Bédié. (…) Ceci étant (…) 2020 ce n’est pas maintenant», a-t-il confié à la presse.
Il faut dire la perspective d’une alternance est loin d’enchanter au sein du RDR, le parti au pouvoir. Des cadres du parti ont déjà exprimé leur réprobation quant à cette idée, tout comme des militants.
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La question de l’alternance avait occasionné une levée de boucliers entre les cadres des deux partis ces derniers mois, et pour ramener le calme, il avait été convenu de laisser le couple Ouattara–Bédié trouver un arrangement. Mais en étalant la question dans la presse internationale, Henri Konan Bédié ne chercherait-t-il pas à forcer la main à un Alassane Ouattara sur le départ? Ce dernier, qui devrait prendre sa retraite politique en 2020, a-t-il encore les coudées franches pour faire accepter une renonciation du pouvoir aux militants de son parti, le RDR?
Alassane Ouattara qui a bien accepté de nommer un vice-président originaire du PDCI et qui a de tout temps associé son allié politique à la gestion du pouvoir, notamment au gouvernement, pourra-t-il poursuivre cette collaboration avec un potentiel rival? A trois ans et demi de la prochaine présidentielle, la ligne de fracture se rapproche entre les deux alliés et pourrait bien créer de grands bouleversements dans le paysage politique.