Côte d’Ivoire: après «Soul to Soul», est-ce le début de la purge contre les proches de Soro?

Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien.

Guillaume Soro, président du Parlement ivoirien. . DR

Le 10/10/2017 à 15h28, mis à jour le 10/10/2017 à 15h48

Souleymane Kamaraté, alias «Soul To Soul», chef du protocole de Guillaume Soro, a été placé sous mandat de dépôt à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan. L’étau se resserre autour du président de l’Assemblée nationale ivoirienne. Le début d'une purge contre le clan Soro?

Après moult tergiversations, la justice ivoirienne s’est finalement décidée à passer à l’acte en arrêtant et en plaçant sous mandat de dépôt, le 9 octobre courant, Souleymane Kamaraté, chef de protocole de Guillaume Soro, Président du parlement ivoirien, «pour complot contre l’autorité de l’Etat», selon le procureur de la République, Richard-Christophe.

Cette arrestation fait suite à la découverte à Bouaké, deuxième ville du pays et épicentre des mutineries menées par des ex-rebelles du Nord, d’une cache d’armes dans la maison de ce proche de Guillaume Soro en mai.

Cette cache d’armes neuves contenait plus de 6 tonnes d’armes à feu et de munitions comprenant, entre autres, des lance-roquettes RPG7, des mitrailleuses lourdes, des fusils d’assaut AK47, des mortiers, etc. Selon le procureur de la république, «les enquête ont également révélé que des personnes avaient été informées de l’existence de ces armes dans la villa de M. Koné et invitées à se servir».

Si le président de l’Assemblée nationale n'a pas commenté cette affaire, ses proches, regroupés au sein de l’Amicale des Forces nouvelles, dénoncent un «harcèlement politique». Selon un communiqué de l’Amicale, «sans être devin, nous savons que l’Exécutif ivoirien est le commanditaire de cet acharnement qui vise en réalité à mettre aux arrêts cet autre Ivoirien qui ne faute que par ses choix et opinions politiques».

Pour l’entourage de Guillaume Soro, ces armes ont été acquises à la fin de la crise post-électorale. «Je veux dire qu'Alassane Ouattara, que l’Etat-major, que toute la haute hiérarchie, dont les officiers supérieurs et officiers généraux, qui composent aujourd’hui le Conseil national de sécurité, savent bel et bien qu’il y avait une cache d’armes là-bas, qu’il y a d’autres caches d’armes (…) C’est un secret de polichinelle, donc nous sommes convaincus qu’il s’agit là d’une procédure politique destinée à faire pression sur Guillaume Soro, en se servant de Soul To Soul comme otage», a souligné Moussa Touré, chargé de communication de Guillaume Soro, cité par regionale.info.

Partant, ajoute t-il, «il ne s’agit pas de la guerre entre l’Etat ivoirien et le président de l’Assemblée nationale. Il s’agit d’une guerre entre le clan Ouattara et le clan Soro. C’est une guerre qui a pour objectif la suprématie d’un groupe sur l’autre pour ce qui concerne la présidentielle de 2020».

Pour nombre d’observateurs, cette enquête et l’évolution de la situation vise surtout à mouiller Guillaume Soro, qui n’a cessé d’afficher ses ambitions pour la plus haute fonction de l’Etat lors de l’élection présidentielle de 2020.

Ainsi, selon de nombreux journaux ivoiriens, Souleymane Kamaraté, alias «Soul to Soul», arrêté et déféré à la MACA -Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan-, n’est que le début d’une purge contre la garde rapprochée de Guillaume Soro.

Selon abidjantv.net, «après Soul to Soul, arrêté et déféré à la MACA, le gouvernement a ordonné l’arrestation du colonel Ouattara Youssouf dit Kobo (commandant de la garde rapprochée de Soro) et son adjoint, le colonel Yéo Adama». D'autres arrestations sont prévues selon les proches de Soro. 

Du coup, il est difficile de savoir s'il s'agit réellement de pressions de la part d'Alassane Ouattara sur Soro ou d'une véritable guerre de tranchée entre les deux parties. Une chose est sûre, ce conflit pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le pays dans la mesure où Soro garde encore un pouvoir de nuisance notable, du fait des liens qu'il entretient avec les membres de l'ex-rebellion du nord du pays. 

Bref, selon le site d’information, «cette enquête concernant les caches d’armes découvertes au domicile de Soul to Soul, n’a pas encore livré tous ses détails. C’est donc un véritable feuilleton politico judiciaire que les Ivoiriens commencent à suivre».

Par Kofi Gabriel
Le 10/10/2017 à 15h28, mis à jour le 10/10/2017 à 15h48