Incarcérée depuis sept ans, après la sanglante crise post-électorale qui a fait 3.000 morts en 2010-2011 et la défaite militaire de son camp face à celui de l'actuel président Alassane Ouattara, Simone Gbagbo a été condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
En 2017, elle avait été acquittée à la surprise générale lors de son procès aux assises à Abidjan pour crimes contre l'humanité pendant la crise post-électorale. Mais ce jugement venait d'être cassé, le 26 juillet dernier, par la Cour Suprême, qui avait demandé son renvoi devant une nouvelle cour d'assises.
A 69 ans, Simone Gbagbo devrait donc retrouver la liberté et ses partisans du Front populaire ivoirien (FPI), parti qu'elle a cofondé avec Laurent Gbagbo. Du moins la frange "légitismiste" du parti, fidèle à l'ex-président, qui vient d'organiser début août son congrès à Moossou, ville natale de Simone située à une vingtaine de kilomètres d'Abidjan, réélisant à sa tête Laurent Gbagbo.
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L'autre faction, rivale, du FPI, est dirigée par un ancien premier ministre de Gbagbo, Pascal Affi Nguessan.
Simone Gbagbo s'est forgée une réputation de dureté, d'abord comme opposante dans la rue puis comme très influente épouse de président, entre 2000 et 2010. Elle a été autant respectée pour son militantisme que crainte pour son rôle de "présidente" à poigne, souvent accusée d'être liée aux "escadrons de la mort" contre les partisans de M. Ouattara, qu'elle a toujours honni.
Simone Ehivet est née en 1949 d'un père gendarme, dans une famille de dix-huit enfants. Elle a fait des études d'histoire et de linguistique.
"Alter ego" de son mari
Mais ses passions sont le syndicalisme et l'engagement politique, passant du marxisme au christianisme évangélique après qu'elle eut échappé "miraculeusement" en 1998 à un accident de voiture.
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Plusieurs fois emprisonnée dans les années 1970, puis 1990, pour avoir dénoncé publiquement le "Vieux", l'ancien président Félix Houphouët-Boigny, elle cofonde en 1982 ce qui deviendra le Front populaire ivoirien (FPI, gauche) dont elle sera députée en 1995.
Le 19 janvier 1989, elle épouse, en secondes noces, le "camarade" Laurent Gbagbo. Elle a cinq filles, dont deux de Gbagbo.
Lorsqu'éclate la rébellion du Nord de 2002, Simone Gbagbo défend son mari, dénonce la "sédition" et la partition du pays et sera - plus ou moins publiquement - hostile aux accords de paix successifs.
"Dieu a donné la victoire à Laurent", commente-t-elle huit ans plus tard au lendemain du second tour de la présidentielle contestée du 28 novembre 2010.
Quand le pays plonge dans la crise post-électorale, "Simone" ou "Maman", comme l'appellent ses admirateurs, fustige le "chef bandit" Alassane Ouattara et le "diable" Nicolas Sarkozy, le président français d'alors.
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Lors de son arrestation mouvementée le 11 avril 2011 au côté de son mari, elle était apparue le regard apeuré, les traits tirés et les cheveux en bataille, une fin de règne piteuse après plus de dix ans comme Première Dame ivoirienne.
Si, selon la CPI, qui la réclame toujours pour la juger, elle s'est imposée en "alter ego" politique de son mari, leur union privée s'est étiolée. Il y a quelques années, Gbagbo s'est uni à Nady Bamba, une ex-journaliste, au cours d'un mariage coutumier.
Simone Gbagbo a par ailleurs été entendue par la justice française dans la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer en 2004 à Abidjan.