800 prisonniers liées à la crise postélectorale de 2011, dont Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, ont été amnistiées. La nouvelle est tombée ce 6 août au soir lors du traditionnel discours du président ivoirien à la veille de la fête de l’indépendance.
«(…) en raison de mon attachement à la paix et à une réconciliation vraies, j’ai procédé ce lundi 6 août 2018 à la signature d’une ordonnance portant amnistie. Cette amnistie bénéficiera à environ 800 de nos concitoyens poursuivis ou condamnés pour des infractions en lien avec la crise postélectorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’Etat commises après le 21 mai 2011, date de ma prestation de serment en qualité de président de la république», a indiqué Alassane Ouattara.
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Au nombre de ces personnes figurent «Simone Ehivet Gbagbo», l’ex-première dame condamnée à 20 ans de prison, mais également de fidèles compagnons politiques de Laurent Gbagbo comme Lida Kouassi, son ex-ministre de la Défense, et Assoa Adou, qui fut son ministre de la Santé.
Autre libération de poids, celle de Kamaraté Souleymane dit Soul to Soul, le bras droit de Guillaume Soro arrêté il y a près d’un an après la découverte d’un arsenal de guerre dans l’un de ses domiciles à Bouaké, au centre du pays.
Parmi ces personnes, il y a également des exilés de la crise postélectorale, des pro-Gbagbo qui refusaient de rentrer craignant des représailles judiciaires notamment. Tous «verront leur condamnation pénale effacée. De ce fait, il sera mis fin aux poursuites à leur encontre» a poursuivi Ouattara.
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Cette mesure vise donc à décrisper une situation politique qui butait sur la question de la réconciliation nationale, le gouvernement étant accusé par l’opposition de mettre en œuvre une «justice des vainqueurs» ne visant que les proches de l’ancien régime de Gbagbo. «Aucun sacrifice n’est trop grand pour la paix», a relevé Ouattara, citant Félix Houphouët-Boigny.
Alassane Ouattara a en outre réitéré sa décision de «transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020», mettant ainsi définitivement fin à la suspicion autour d’un troisième mandat.
Par ailleurs, au sujet de la composition de la Commission électorale indépendante (CEI), critiquée pour avoir été au cœur de la présidentielle de 2010 et dont la Cour africaine des droits de l’homme avait demandé une révision, le président ivoirien souligne avoir instruit le gouvernement dans ce sens.
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Dans sa gouvernance, le chef de l’Etat entend en outre vouloir désormais mettre l’accent sur les questions sociales. De ce fait, des mesures seront annoncées dès le mois de septembre prochain afin de repondre à une population qui s’impatiente de ne pas jouir encore des fruits de la croissance.
A près de deux ans de la présidentielle de 2020, Alassane Ouattara joue la carte de la décrispation politique et sociale. Stratégie politique ou volonté réelle d’apaiser le climat sociale? La question reste posée.