Côte d’Ivoire. Elections locales: le PDCI dénonce «un hold-up électoral», le RHDP l’accuse de «mauvais perdant»

Le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié.

Le président du PDCI-RDA, Henri Konan Bédié.. DR

Le 19/10/2018 à 10h24, mis à jour le 19/10/2018 à 10h26

Les élections locales ont ajouté de l’huile sur le feu, concernant la rivalité entre le PDCI et ses anciens alliés du RHDP. Aux accusations de «hold-up électoral» du premier, le second dénonce les tentatives des fraudes avérées de son adversaire qu’il qualifie de «mauvais perdant».

Après la fin de la proclamation des résultats provisoires de la CEI, la Commission électorale indépendante, l’heure est à présent aux contestations et aux piques diverses et variées entre ces ex-alliés. Largement devancé par le RHDP à la fois pour les municipales et les régionales, le PDCI dénonce un braquage électoral et un «tripatouillage des résultats» qui l’a privé de sa victoire dans certaines localités.

Au cours d’une conférence de presse, ce mercredi 17 octobre, le PDCI a brandi entre autres arguments le cas de la commune de Port-Bouët à Abidjan où le scrutin a été annulé alors que son candidat était en tête des décomptes de voix. A Koumassi, toujours à Abidjan, et dans les villes de Grand Bassam et Tiébissou, ou encore dans les régions Gontougo, de l’indénié-Djuablin, à l’est, et du Lôh-Djiboua, au sud-ouest, le parti évoque la «spoliation» des résultats. L’ex-parti unique fustige aussi les incohérences des procès-verbaux au niveau local, qui donnent ses candidats vainqueurs alors que les résultats proclamés par la CEI accordent la victoire aux candidats du RHDP.

«Les résultats proclamés par la CEI sont en total contradiction avec les choix opérés par les électeurs», a clamé Me Suy Bi, avocat du PDCI au cours d'une conférence de presse organisée par ce parti. 

Réponse du berger à la bergère: le porte-parole du RHDP, Mamadou Touré, a rétorqué au cours d’une autre conférence de presse, le même jour, en qualifiant son ex-allié de «mauvais perdant», et s’est étonné de le voir encenser la commission électorale dans les localités où il a remporté le scrutin, et de crier à la fraude là où il a perdu.

«Nous avons l’impression qu’il y a de la mauvaise foi. Très souvent, c’est le grand voleur qui crie le premier "au voleur"» s’est-il exclamé, non sans avoir préalablement indiqué avoir des preuves de fraudes qu’aurait orchestrées son adversaire dans certains bureaux de vote.

Le temps des recours

De part et d’autre, l’on annonce avoir entrepris des recours afin de rétablir la vérité des urnes. «Le PDCI n’est pas prêt à reculer devant ces hold-up et se donnera les moyens de se faire entendre par la voie légale», a insisté Me Chrysostome Blessy, avocat du PDCI.

«Nous sommes attachés à un Etat de droit (…) et nous avons introduit des recours au^rès de la Cour suprême», a souligné pour sa part Mamadou Touré, porte-parole du RHDP. 

En attendant, dans certaines localités, des candidats malheureux expriment leur colère dans les rues. Hier mercredi, à Issia, dans le sud-ouest du pays, des affrontements ont opposé partisans du RHDP et du PDCI, faisant plusieurs blessés. Les communes de Koumassi et Jacqueville ont été perturbées dans la matinée de ce mercredi du fait de manifestations de protestations réclamant la reprise du scrutin. Il en a été de même en début de semaine dans les villes de Tanda (Est) et de Tiebissou (Centre).

La balle est à présent dans le camp de la justice ivoirienne. Une justice dont les verdicts auront pourtant, du mal à faire l’unanimité.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 19/10/2018 à 10h24, mis à jour le 19/10/2018 à 10h26