Malgré l'interdiction des manifestations par les autorités, de nouvelles violences faisant des blessés ont eu lieu samedi dans le sillage de cette candidature.
A Divo, (200 km au nord-ouest d'Abidjan), des affrontements entre jeunes des deux bords ont eu lieu. "Il y a des blessés. La petite gare routière, des maquis et des boutiques ont été incendiés et pillés. La tension est encore vive. Il y a eu un renfort de gendarmerie. On va essayer d'apaiser les choses avec les chefs de communauté", a affirmé à l'AFP le député de Divo Famoussa Coulibay.
A Bonoua (sud-est), fief de l'ex-première dame Simone Gbagbo, les violences ont dégénéré en "affrontements entre jeunes abourés (ethnie locale), proche de l'opposition et jeunes dioulas (ethnie du nord proche de Ouattara)". "Des cars de transport, le marché central et une trentaine de boutiques" ont été incendiés, a déploré Georges Vangah, un habitant. Des incidents ont aussi eu lieu à Gagnoa, le fief de Laurent Gbagbo.
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L'annonce le 6 août de la candidature de Ouattara avait déjà dégénéré en trois jours de violences pour un bilan d'au moins six morts, une centaine de blessés et 1.500 déplacés.
En prenant la parole au stade Houphouët-Boigny, le président Ouattara a commencé par condamner ces "violences".
"Nous voulons la paix (...) Arrêtons de brûler (...), de mettre des troncs d'arbre sur la route. Faites des meetings! La violence ne passera pas", a-t-il lancé, quelques instants après avoir été officiellement investi candidat du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
"Situation d'urgence"
Elu en 2010 puis réélu en 2015, le chef de l'Etat, 78 ans, avait annoncé en mars son intention de passer le relais à son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Mais celui-ci est décédé le 8 juillet d'un infarctus.
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Comme la précédente, la Constitution, révisée en 2016, limite à deux les mandats présidentiels. Les partisans de Ouattara affirment que la révision a remis le compteur des mandats à zéro, ses adversaires jugent anticonstitutionnelle une troisième candidature.
"Constitutionnellement, le président Ouattara ne peut pas avoir un troisième mandat.Il ne peut pas être candidat et il le sait", s'est insurgé Maurice Kakou Guikahué du principal mouvement d'opposition, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI).
Samedi, Ouattara a rappelé qu'il avait voulu passer la main."Revenir sur ma décision n'a pas été facile (...) Mais, je n'avais pas le droit de mettre mon projet personnel au dessus de la situation d'urgence dans lequel se trouve le pays", a-t-il estimé, citant la pandémie de coronavirus et le "terrorisme qui frappe à nos portes".
En juin, 14 soldats ivoiriens ont été tués dans une attaque attribuée à des islamistes armés.Et le Burkina et le Mali voisins sont en proie à des attaques jihadistes récurrentes.
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Ouattara est aussi revenu sur le question du "troisième mandat"."Il n'y a pas de rétroactivité, rien ne m'empêche d'être candidat".
Il a insisté sur son bilan économique, assurant avoir "changé le visage de nos villes et villages".
"Ils sont jaloux"
"Nous allons gagner", a-t-il assuré, promettant "un coup KO" avec une victoire dès le premier tour, comme en 2015 - il avait alors recueilli 83,7% des suffrages.
Ouattara a scandé à plusieurs reprises ce slogan et même brandi un panneau, pris dans la foule de ses partisans, sur lequel il était inscrit.
"On veut qu'il soit président.A Agboville (80 km au nord d'Abidjan), il a mis du goudron, amené l'eau potable, construit des écoles.Le pays est en chantier.Il faut qu'il continue", assure Mariam Hadja Bakayoko, 18 ans qui votera pour la première fois.Elle balaie les questions sur l'âge de Ouattara ou le troisième mandat."L'opposition parle de ça parce qu'ils sont jaloux.Ils savent qu'ils vont perdre.Quel âge a Bédié?".
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Bédié (président de 1993-1999), 86 ans, qui avait soutenu Ouattara en 2010 et 2015 et attendait que ce dernier lui rende la pareille en 2020, investi par le PDCI sera son principal adversaire.
L'ex-chef rebelle Guillaume Soro, 47 ans, qui a aidé Ouattara à accéder au pouvoir, se dit aussi candidat mais vit en France après sa condamnation par la justice ivoirienne à 20 ans de prison pour "recel de détournement de deniers publics".
Quant à l'ancien président Laurent Gbagbo, c'est la grande inconnue du scrutin: acquitté en première instance par la Cour pénale internationale, où il était accusé de crimes contre l'humanité, il attend à Bruxelles un éventuel appel.Ses partisans espèrent une candidature.
La commission électorale a rejeté ces dernières heures les recours des proches de MM.Gbagbo et Soro qui contestaient leur radiation des listes électorales.Une décision qui pourrait tendre encore la situation.