Présidentielle en Côte d'Ivoire: un ancien chef de la diplomatie craint "un conflit post-électoral"

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Le 02/10/2020 à 16h21, mis à jour le 03/10/2020 à 12h59

L'ex-ministre des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh, qui fait partie des 40 candidats dont le dossier a été rejeté par le Conseil constitutionnel, craint que la présidentielle du 31 octobre en Côte d'ivoire ne débouche sur une crise post-électorale comme en 2010-2011.

"Les élections, si elles sont lieu dans ces conditions-là, j'ai bien peur que nous allions vers un conflit post-électoral à nouveau en Côte d'Ivoire", a-t-il dit vendredi à l'AFP.

"Il faut tout faire pour contraindre Ouattara à s'asseoir autour d'une table pour discuter, dialoguer, négocier. C'est la seule façon de résoudre cette crise post-électorale qui se dessine à l'horizon", a précisé Amon Tahoh, qui a longtemps été le directeur de cabinet de Ouattara. Devenu ensuite minsitre des Affaires étrangères, il a quitté le gouvernement en mars.

"Aujourd'hui nous sommes déjà dans une crise pré-électorale qui est beaucoup plus exacerbée que les tensions pré-électorales de 2010. En 2010 avant l'élection, il n'y avait pas eu des morts. Là, on a déjà des morts, alors vous pouvez imaginer ce que sera l’après 2020 avec les tensions actuelles", a-t-il ajouté.

Amon Tanoh, qui, comme toute l'opposition demande une réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) et du Conseil constitutionnel, ainsi qu'un audit des listes électorales, estime que l'élection telle qu'elle est prévue n'est pas "crédible".

"Si la CEI et le Conseil constitutionnel n'ont pas rendu compte de la véracité des parrainages, et ils ne rendront pas compte de la véracité des urnes. Cette élection ne sera pas crédible".

L'ancien ministre des Affaires étrangères, dont la candidature a été rejetée pour une insuffisance de parrainages qu'il conteste, assure avoir agi sur le plan diplomatique et demande que la communauté internationale "exerce des pressions" sur le président Ouattara.

La crainte de violences meurtrières est forte dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, dix ans après la crise post-électorale née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts.

Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues après l'annonce de la candidature controversée du président Ouattara à un troisième mandat, et des échauffourées ont eu lieu dans plusieurs localités après l'annonce du Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.

Parmi les candidats non retenus figuraient notamment l’ancien président Laurent Gbagbo et l'ancien chef rebelle et ex-Premier ministre Guillaume Soro.

Elu en 2010, réélu en 2015, Ouattara, 78 ans, avait annoncé en mars qu'il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d'avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.

La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution de 2016, le compteur des mandats de Ouattara a été remis à zéro, ce que conteste farouchement l'opposition.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/10/2020 à 16h21, mis à jour le 03/10/2020 à 12h59