Côte d'Ivoire: Ouattara brigue ce samedi un troisième mandat dans une ambiance tendue

Présidentielle ivoirienne, le président sortant Ouattara promet une victoire par "KO" à ses partisans.

Présidentielle ivoirienne, le président sortant Ouattara promet une victoire par KO à ses partisans. . DR

Le 31/10/2020 à 08h36, mis à jour le 31/10/2020 à 17h12

Le président ivoirien Alassane Ouattara brigue un troisième mandat controversé lors d'une élection sous tension samedi en Côte d'Ivoire, après une campagne émaillée de violences et boycottée par l'opposition, qui a toutefois maintenu ses candidats.

Guessan, 67 ans, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et l'outsider Kouadio Konan Bertin, 51 ans, indépendant.

Comme en Guinée où la réélection du président Alpha Condé pour un troisième mandat contesté a provoqué des troubles ayant fait une vingtaine de morts, l'opposition ivoirienne juge un troisième mandat "anticonstitutionnel" et a appelé ses partisans à la "désobéissance civile".

L'élection en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial de cacao, redevenue la locomotive économique de l'Afrique de l'Ouest francophone après dix ans de forte croissance, fait donc craindre une nouvelle crise dans une région éprouvée par des attaques jihadistes incessantes au Sahel, par un putsch au Mali et une contestation politique chez le géant voisin nigérian.

Une trentaine de personnes sont mortes depuis le mois d'août lors de manifestations qui ont viré aux affrontements interethniques dans plusieurs villes du pays et quelque 35.000 membres de forces de l'ordre ont été déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote.

"Toutes les dispositions ont été prises afin de permettre le vote des populations (…) dans la paix et la tranquillité", a affirmé vendredi soir le ministre de la Sécurité Diomande Vagondo.

"Il y aura forcément des incidents dans des zones de l'opposition", nuance toutefois une source sécuritaire. Des milliers d'Ivoiriens ont quitté les grandes villes comme Abidjan ou Bouaké pour rentrer dans leurs villages.

"Pas d'élection sans tension"

"Je ne veux pas revivre ce qu'on a vécu en 2010. Si tout se passe bien, on reviendra. Tout dépend de ce qui va se passer", a confié Véronique Yao, commerçante, en quittant Abidjan.

Beaucoup craignent une crise majeure, dix ans après la crise post-électorale issue de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts, à la suite du refus de Laurent Gbagbo (qui était au pouvoir depuis 2000) de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara.

"Il n'y a pas de période électorale sans tension", a souligné Ouattara dans un entretien à l'AFP, alors que les deux principaux opposants en lice, Bédié et Affi N'Guessan, ont appelé au "boycott actif" du "processus électoral" et n'ont pas fait campagne.

"Pourquoi ça manquerait de légitimité? Rien ne dit dans le code électoral qu'on doit être quatre candidats. J'aurais souhaité avoir Bédié et Affi N'Guessan pour les battre à nouveau", a ajouté le président, qui vise une victoire dès le premier tour et s'appuie sur son bilan économique.

"Il n'y a pas eu de véritable campagne", estime Sylvain N'Guessan, analyste politique, directeur de l'Institut de stratégie d'Abidjan, "Ouattara va être réélu, mais il a perdu son aura, il est devenu un président africain comme les autres, qui s'accroche au pouvoir".

Deux poids lourds politiques vivant à l'étranger, l'ancien président Laurent Gbagbo, 75 ans, et l'ex-chef de la rébellion et ancien Premier ministre Guillaume Soro, 48 ans, ont eux été disqualifiés par le Conseil constitutionnel, au grand dam de leurs partisans.

Gbagbo est sorti jeudi de neuf ans de silence médiatique pour appeler au dialogue, sous peine de "catastrophe".

La colère, "je la comprends et je la partage. Pourquoi veut-on faire un troisième mandat? Il faut qu'on respecte ce qu'on écrit, ce qu'on dit (...) Si on écrit une chose et qu'on fait une autre, on assiste à ce qui arrive aujourd'hui", a estimé Gbagbo, qu attend en Belgique un éventuel procès en appel devant la Cour pénale internationale après avoir été acquitté en première instance.

Les bureaux de vote, qui ouvrent à 8H00 (locales et GMT), doivent fermer à 18H00. La commission électorale a cinq jours pour annoncer les résultats.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 31/10/2020 à 08h36, mis à jour le 31/10/2020 à 17h12