Immigration clandestine: 1.500 Ivoiriens débarquent chaque mois au large de l’Italie

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Le 17/11/2016 à 14h26, mis à jour le 17/11/2016 à 15h08

On soupçonnait déjà la Côte d’Ivoire d’abriter des réseaux d’immigration clandestine vers l’Europe, mais les chiffres livrés par le ministère de l’Intérieur ont de quoi inquiéter.

C’est «incroyable» a réagi Toh Bi Irie, le directeur de cabinet adjoint du ministère ivoirien de l’intérieur. «Chaque mois, il y a 1.500 Ivoiriens qui arrivent aux portes de l’Italie», a-t-il déclaré ce mercredi à l’ouverture d’un séminaire de formation réunissant les préfets et responsables de sécurité des 31 régions administratives du pays.

«Ce sont des chiffres qui nous sont donnés aujourd’hui par des responsables italiens et c’est effrayant», a-t-il poursuivi. Ces statistiques qui représenteraient «le tiers» des arrivées par bateaux de fortune au large de l’Italie ne rendent toutefois pas compte de «ceux restés en chemin». «Ce que vous voyez à la télévision avec les bateaux qui chavirent et les corps inertes déversés sur les plages, il y a peut-être nos frères dedans… sans compter ceux qui sont morts dans le désert», s’est-il indigné.

Terrorisme

Au-delà de ce triste constat, la principale crainte pour les autorités ivoiriennes réside dans le fait que les personnes qui n’ont pu réussir le passage vers l’Italie soient prises en charge et recrutées par des organisations terroristes. C’était par exemple le cas de «Barry Batestti», le chauffeur du commando terroriste qui avait attaqué la station balnéaire de Grand-Bassam en mai dernier.

4.899 migrants morts en tentant de gagner l'Europe entre janvier et octobre 2016

Le phénomène d’immigration clandestine prend de l’ampleur dans le pays depuis ces cinq dernières années. Plusieurs villes -Aboisso, au sud-est, Daloa au centre-ouest, et Odienne, au nord-ouest vers la frontière malienne– sont citées comme les bases des filières de recrutement vers l’eldorado européen.

Cependant pour les observateurs, il faut prendre ces chiffres avec précaution vu que les migrants n’ont généralement aucun document officiel. En effet, un éventuel rapatriement vers les pays d’origine serait plus aisé pour des ressortissants de pays comme le Sénégal qui jouissent d’accords spécifiques avec l’Union européenne, à la différence d'un pays comme la Côte d’Ivoire jusque-là peu concerné par le phénomène.

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 17/11/2016 à 14h26, mis à jour le 17/11/2016 à 15h08