Immigration. En Italie, plus de 8 migrants sur 10 sont de vrais faux Ivoiriens

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Le 15/04/2017 à 11h00

La nationalité ivoirienne peut-elle servir de couverture ou de passe-droit pour les immigrés qui échouent sur les côtes italiennes ? Alertées par le nombre sans cesse croissant de ses ressortissants supposés, les autorités ont diligenté une enquête en Italie qui leur a réservé une grosse surprise.

Se réclamer de la nationalité ivoirienne, une pratique bien courante chez les immigrés qui, par chance, sont parvenus à braver la Méditerranée pour se retrouver sur les côtes italiennes. plusieurs milliers d’entre eux ont déclaré aux autorités italiennes, durant le seul mois de décembre dernier, avoir la nationalité ivoirienne. Une situation qui a amené Abidjan à dépêcher une mission pour faire l’État des lieux sur la question. Il en ressort que «seuls 2.000 immigrés environ ont formellement sont réellement des Ivoiriens, sur les 13.000 se disant comme tels», a déclaré jeudi Bruno Koné, le porte parole du gouvernement. Cela fait 8,4 personnes sur 10 qui font de fausses déclarations sur leur nationalité et qui choisissent la Côte d'Ivoire.

«Les autres migrants présumés Ivoiriens, a-t-il expliqué, sont en réalité des nationaux d’autres Etats de la sous-région ou des personnes non originaires de l’Afrique de l’Ouest qui, pour certaines, ont seulement résidé en Côte d’Ivoire».  La question se pose donc de savoir les raisons d’un tel choix. Relativement moins concernés par l’immigration, les ressortissants ivoiriens bénéficieraient-ils d’un peu plus d’indulgence sur ces terres d’accueil ? A moins que les récentes crises servent de prétexte rêvé pour espérer un statut de réfugié ? Difficile de répondre, le gouvernement n’ayant pas fourni d’explication. 

Sensibilisation, répression et identification biométrique

Toutefois, devant des chiffres qui restent alarmants, les autorités ivoiriennes ont décidé de multiplier les actions de sensibilisation, mais surtout de «renforcer les moyens de répression et de détection des réseaux de passeurs». En effet, selon plusieurs sources, de véritables réseaux se sont constitués depuis la ville de Daloa, au sud-ouest du pays, jusque dans les pays maghrébins, la Libye en particulier, en passant par le Mali et le Burkina Faso.  Les autres mesures portent sur l’identification des populations. Dans un délai de 6 mois, une carte de résident biométrique pour les non-ressortissants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sera mis en place, tout comme, pour les Ivoiriens, la mise en œuvre de "l’identifiant unique", une immatriculation qui permettra une "meilleure traçabilité biométrique des citoyens ivoiriens". 

Par Georges Moihet (Abidjan, correspondance)
Le 15/04/2017 à 11h00