Le Plateau, centre des affaires de la capitale ivoirienne, est sous une vive tension depuis la matinée de ce vendredi. Dès huit heures, des soldats du camp Gallieni, situé à la sortie nord de la commune, sèment le trouble avec des tirs sporadiques qui ont duré toute la matinée. Des témoins ont pu apercevoir une demi-dizaine de soldats tenir un barrage sur la voie donnant accès au camp et qui refoulent tous les véhicules sous la menace de leurs armes.
Le camp Gallieni, est l’un des principaux camps militaires du pays. Il jouxte l’état-major et le ministère de la Défense, deux sites stratégiques également sous le contrôle des soldats mutins depuis la matinée.
Toutefois si ces soldatsétaient libres de tout mouvement lors de la mutinerie de janvier, c’est loin d’être le cas cette fois. Des éléments de la Garde républicaine, unité d’élite de l’armée, avaient en fin de matinée eu des échanges avec les soldats en colère, probablement pour tenter de ramener le calme. Mais, c’est sous la menace des armes et de tirs nourris que leurs frères d’armes les ont refoulés.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara accède à la demande des mutins et les appelle à regagner les casernes
Aussi, un imposant détachement de la Garde républicaine et de la gendarmerie, avec véhicules blindé surmontés de canon et mitraillettes a pris position tout autour de la zone et dans la commune du Plateau.
«On veut notre argent»
Dans la panique générale, un soldat a laissé entendre: «notre argent ou rien, on veut notre argent». Une posture qui confirme la rumeur selon laquelle l’accord trouvé la veille n’a pas l’assentiment de toute la troupe, du moins du contingent de 8.400 hommes concernés.
De sources concordantes, l’on apprend que la «GR», soutenue par la gendarmerie et des unités de la police, a également pris position autour du camp d’Akouedo, la plus importante garnison du pays qui avait pris part à la grogne de janvier, mais où règne pour l’heure un calme plat.
Lire aussi : Côte d'Ivoire: une prime de guerre de 5 millions de Francs CFA pour chaque soldat mutin
Ce qui n’est point le cas dans les villes de Bouaké, la grande ville du centre et épicentre de la mutinerie de janvier, et Man, à l’ouest du pays, où les tirs sporadiques se font entendre depuis la matinée.
La grande question reste de savoir l option que compte adopter le gouvernement. L’accord trouvé ce jeudi émane-t-il vraiment de la volonté de la troupe? Ce débrayage des soldats est-il le fait d’une minorité de récalcitrants ou celui de la majorité des 8.400 hommes en cause?
Des tractations sont en cours afin de trouver un terrain d’entente. «Mais le désordre ne prévaudra pas cette fois», nous a confié une source militaire.
Le mouvement tend à se généraliser dans le pays.