Côte d'Ivoire: lire, écrire, calculer et compter, un challenge à relever dans les marchés

VidéoPlusieurs milliers de femmes et de jeunes filles non-scolarisées se retrouvent sur les différents marchés de Côte d’Ivoire. Sur place, lire, écrire, calculer et compter sont désormais à leur portée grâce aux salles d'alphabétisation qui y sont installées.

Le 16/03/2022 à 08h20, mis à jour le 16/03/2022 à 08h22

En Côte d’Ivoire, l'alphabétisation de la population féminine gagne du terrain sur les marchés. Une classe de fortune, par exemple, est située dans celui de Yopougon Toit Rouge, à Abidjan. Car ici, 90% des femmes sont analphabètes d'après les responsables.

Ces élèves ne sont donc pas des apprenantes ordinaires. Ce sont pour la plupart des commerçantes, des coiffeuses, des couturières, des filles de ménages et bien d'autres. Elles désertent quatre fois par semaine leurs activités durant 2 heures et 30 minutes pour apprendre à lire, à écrire et à compter. Et cela, a un prix forfaitaire et social de 1.000 FCFA le mois, soit 1,52 euro.

Ce jour, ce sont des cours d'écriture et de lecture qui sont dispensés à une dizaine d'élèves dont l'âge varie de 8 à 60 ans. Toutes ont comme point commun de n'avoir jamais eu la l'opportunité d'aller à l'école. L'alphabétisation est ainsi pour elles une deuxième chance qu'elles saisissent avec beaucoup de sérieux.

«Cela fait 3 ans que je suis les cours d’alphabétisation et ça se passe bien. L’enseignant s’occupe bien de nous. Aujourd’hui, je peux écrire mon nom sur une liste de présence, ce qui n’était pas le cas auparavant», déclare Marie Jeanne Brou, une femme d'une cinquantaine d'années, présidente des coiffeuses du quartier Toit Rouge à Yopougon.

«J’ai commencé les cours cette année et je pense que j’évolue un peu, un peu. En fait, je sais calculer, mais c’est au niveau de l'écriture que je dois faire des progrès», souligne pour sa part une jeune fille ,vendeuse d’avocats, Tatiana Wango.

L'initiative de l'alphabétisation des femmes du marché est l'œuvre de Martine Guéi. Commerçante qui a elle-même très tôt abandonné les études, elle a créé en 2019 la salle d'alphabétisation dénommée Grâce Alpha. Mégaphone en main, elle parcourt régulièrement les allées, les boutiques et les magasins du marché pour faire adhérer les femmes à cette cause et leur offrir une occasion d'apprendre à lire et compter.

«On aura désormais besoin d’une grande salle bien aérée dans le marché pour donner la connaissance aux femmes car mon rêve c’est de les voir demain être automnes en vaquant à leurs occupations pour qu’on salue tous leurs déterminations», affirme Martine Guéi.

Après la formation, d'autres organisations non gouvernementales mettent l'accent sur l'insertion professionnelle de ces personnes nouvellement alphabétisées. C'est le cas de l’ONG Ecole pour tous, emploi pour chacun, qui a trouvé des emplois à 80% des apprenantes.

«Chez moi à la maison, par exemple, j’ai fait un restaurant et installé deux tables où le matin une jeune fille vend du pain et le soir ces mêmes tables sont occupées par des vendeurs de grillades. Du coup, ces deux tables créent le matin 4 emplois et le soir 6 emplois, au total 10 emplois le jour qui arrivent à faire un bénéfice de 5.000 à 10.000 FCFA par jour», soutient Romeo Diépé Guety, le président-fondateur de l’ONG Ecole pour tous, emploi pour chacun.

Notons qu’en Côte d’Ivoire le taux d'alphabétisation des femmes est de 47% et celui des hommes s'élève à 63%. Un niveau relativement bas pour la population féminine du pays d'après les autorités en charge du secteur.

Par Olive Adjakotan (Abidjan, correspondance)
Le 16/03/2022 à 08h20, mis à jour le 16/03/2022 à 08h22