C’est avec un réel handicap que Adja Ndiaye mène quotidiennement ses activités quotidiennes. La cinquantaine passée, cette habitante du quartier Hersent de Thiès n’a jamais été instruite. Du coup, Adja ne sait ni lire ni écrire. Tenant une gargote dans son quartier, cette dame a beaucoup de mal à tenir la comptabilité de son business.
Les moindres tâches, comme simplement lire un bout de papier sur lequel est inscrit le nombre de baguettes de pain qui lui sont livrées tous les matins, constituent une véritable difficulté pour elle.
Ce matin, le livreur de pain dit lui avoir laissé 30 baguettes et il l’a écrit sur la feuille remise à Adja. Mais entourée par les clients pressés de se faire servir et de repartir avec leurs achats, Adjia n’a pas pu vérifier le nombre de baguettes livrées.
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Ce n'est qu'après le départ des clients, qu’elle a eu un temps de se remémorer mentalement le nombre de pains vendus pour faire le compte. Or, selon ses calculs, on lui avait livré 27 baguettes au lieu de 30. Aussitôt, Adja se saisit du smartphone que lui a offert son fils aîné pour appeler le livreur de pain. Mais faute de savoir lire, il lui faudra l’aide d’une cliente pour retrouver le numéro du livreur de pain dans son répertoire.
Malheureusement, l’analphabétisme de Adja Ndiaye n’est pas un cas isolé au Sénégal. Les chiffres du recensement de 2013 montraient que, 54,6% de la population sénégalaise étaient analphabètes. Tous âges confondus, le nombre d'analphabètes se chiffrait à 5.089.313 personnes. Selon l’âge, le sexe et la localité, ces chiffrent montrent bien des disparités.
Les femmes sont les plus concernées. 62,3% d’entre elles ne savent ni lire ni écrire.
Dans un rapport de l’Agence nationale de statistique et de démographie (ANSD), le taux d’alphabétisation est plus élevé chez les jeunes de 10 à 14 ans et de 15 à 19 ans, pour des taux respectifs de 58,1% et 64,1%. Chez les femmes, il représente 58,1% et 64,8% dans les deux tranches d’âge citées plus haut.
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Ainsi, malgré les efforts fournis ces dernières années pour atteindre un taux de scolarisation de 80% dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), du chemin reste à faire au Sénégal pour réaliser l’Education primaire pour tous.
Cela s'explique notamment par la faiblesse du budget alloué à l’éducation de base des jeunes et des adultes analphabètes. Chaque année, seul 1% des dépenses publiques dédiées à l’éducation est consacré à l’alphabétisation. Ce taux reste très bas comparé aux 3% exigés suite à la Conférence de Bamako de 2007 sur le financement de l’éducation non formelle.
Une initiative à noter néanmoins. La 42e édition de la semaine nationale de l’alphabétisation sera célébrée à partir du vendredi 8 septembre 2017, sous le thème «l’alphabétisation dans le monde numérique». Cette semaine sera l’occasion de promouvoir les langues nationales via le numérique.