Accès universel à l’électricité: le Sénégal veut doubler sa capacité de production en misant sur son gaz

La centrale électrique de Malicounda inaugurée en février 2023 et qui fonctionne avec du fioul lourd sera convertie au gaz naturel.

Le 02/03/2023 à 15h43

Le Sénégal compte doubler sa capacité de production d’électricité installée et atteindre l’accès universelle à l’électricité à l’horizon 2025. Le gaz, que le pays va exploiter à partir de cette année, devrait y contribuer.

Avec un taux d’électrification de 80,5% (96% en milieu urbain et 58,2% en milieu rural), selon Aïssatou Sophie Gladima, ministre du Pétrole et de l’Energie, le Sénégal affiche l’un des taux d’électrification les plus élevés en Afrique de l’Ouest. Toutefois, l’objectif des autorités sénégalaises est d’atteindre l’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025 et rejoindre le peloton des pays d’Afrique du Nord qui ont presque tous atteint cet objectif. Ce qui n’est pas encore le cas de l’Afrique subsaharienne où ce taux se situe autour de 55%.

Pour atteindre un taux d’électrification de 100%, le Sénégal compte doubler sa capacité de production électrique installée pour la faire passer de 1.523 MW en 2021 à 3.000 MW en 2025 dans le cadre de la feuille de route «Electricité 2025».

Pour ce faire, le pays compte poursuivre sa politique de mix énergétique en accordant la priorité au gaz et aux énergies renouvelables.

Les capacités additionnelles injectées ces derniers mois montrent que le pays est sur la bonne voie. Grâce au barrage de Gouina (46 MW), à la centrale électrique de Malicounda, mise en service en février 2023, (125 MW), à l’extension de la centrale de Cap des Biches (366 MW) et des 100 MW de la centrale hydroélectrique de Kaléta (Guinée) par l’OMVG, la puissance installée nominale du pays a atteint actuellement 2.266 MW.

Concernant le mix énergétique, celui-ci est constitué de thermiques (1.672,5 MW), de solaire (237 MW), d’éolien (159 MW) et d’hydroélectrique (197,5 MW). En tenant compte des installations de l’industrie minière qui vend de l’électricité à la Senelec, la puissance brute installée atteint 2.618 MW.

Le Sénégal, qui détient des réserves importantes, devrait être le moteur de cette politique grâce au démarrage de l’exploitation de cette ressource à partir de cette année au niveau du gisement Grand Tortue-Ahmeyim (420 et 560 milliards de mètres cubes de réserves), champ gazier situé à la frontière maritime mauritano-sénégalaise que le Sénégal partage avec la Mauritanie, et d’autres champs gaziers qui devraient également enter en production cette année dont le gisement Sangomar (pétrole et gaz avec des réserves estimées à 560 millions de barils de pétrole et 2,4 Trillion cubic feet de gaz naturel), Yakaar-Teranga (20 billions de pieds cubes de gaz naturel)…

A ce titre, la compagnie d’électricité sénégalaise Ndar Energies et Afreximbank ont récemment signé un accord pour financer le développement d’une centrale à cycle combiné gaz d’une capacité de 250 MW. D’un coût de 430 millions de dollars, cet investissement comprend une centrale électrique à turbine à gaz à cycle combiné à Saint Louis et d’un gazoduc permettant d’acheminer le gaz jusqu’à la centrale. L’accord signé porte sur le financement, le développement, la conception, la construction et l’exploitation de la centrale et du gazoduc.

Selon Baidy Agne, président de Ndar Energies, «ce projet représente une part importante du plan national d’électricité du pays, qui vise à positionner le Sénégal comme une plaque tournante énergétique en Afrique de l’ouest».

A travers ce projet, le Sénégal souhaite remplacer le fioul lourd et le diésel dans ses centrales électriques par le gaz local. Ce qui permet de mieux sécuriser l’approvisionnement et la production d’électricité, contrairement au fioul et diésel importés au prix du marché international dont l’approvisionnement devient problématique durant les périodes de tensions, de mieux maitriser les coûts de production et d’entretien, de réduire l’impact écologique des centrales électriques du pays et d’offrir de l’électricité à un coût plus abordable, ce qui est encore loin d’être le cas.

Par Kofi Gabriel
Le 02/03/2023 à 15h43