La récente concertation entre la caisse des dépôts et de consignation, notamment du Gabon, la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) et les représentants de la Banque économique des États de l’Afrique centrale (BEAC), n’a abouti à aucun consensus. Au centre du désaccord: la volonté de la Caisse des dépôts et de consignation (CDC) de conserver son indépendance vis-à-vis des mécanismes de régulation bancaire régionale. En se fondant la souveraineté nationale, la CDC s’oppose à toute tutelle ou contrôle exercé par la COBAC.
Appels à la transparence
Selon plusieurs observateurs des milieux financiers de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), la décision de la Caisse des dépôts et de consignation du Gabon pourrait créer un fâcheux précédent dans la région. Le président de l’Association gabonaise des usagers de banques (AGUB) s’étonne de la posture de la CDC et l’appelle à la transparence. «C’est un revirement parce qu’au cours des différentes réunions convoquées par le gouverneur de la banque centrale, la direction générale de la CDC était bien partante sur le principe de supervision par la commission bancaire», a dit Gildas Ndzengue, président de l’AGUB.
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Selon lui, un regard extérieur sur les activités de la CDC n’exclut pas la souveraineté, mais participe plutôt à rassurer les citoyens et à renforcer la crédibilité des institutions.
Des conséquences non négligeables
De leur côté, les analystes économiques alertent sur les risques de ce bras de fer sur l’image du Gabon à l’international, «la Beac et le Cobac peuvent imposer des restrictions relatives aux mouvements financiers entre la CDC, les banques et les assurances. Nous avons encore en mémoire le problème de la dette avec la diminution des réserves de change. Le Gabon et le Congo avaient été pointés du doigt. Les bailleurs de fondil n’y aura pas de prêt de l’argent. Parce qu’il est nécessaire qu’il y ait de la clarté dans les circuits financiers», expliqué Michel Leprince Ndzeng, expert en intelligence économique. Alors va-t-on vers une impasse? Rien n’est moins sûr.
Approché par Le360 Afrique, la direction générale de la Caisse des dépôts et de consignation conditionne toute réaction de sa part par une demande d’interview officielle via un courrier. Une exigence qui témoigne sans doute de la volonté ferme de l’institution à maîtriser sa communication sur un sujet dit «sensible».
Sauf qu’à ce jour aucune communication de la CDC sur le sujet n’est disponible, ce qui amplifie les spéculations. Ce dossier pose néanmoins, clairement, la question de l’articulation entre souveraineté nationale et intégration régionale. Dans un contexte économique incertain, le Gabon devra rapidement trancher entre ouverture régulée et isolement institutionnel.