A l’instar de tous les pays africains dépendant des matières premières (pétrole, bois, minerai, etc.), les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) –Gabon, Cameroun, Guinée équatoriale, Tchad, Centrafrique et Congo- font face au retournement des prix sur le marché international des matières premières.
Très faiblement diversifiées, ces économies ont fortement accusé le coup avec quasiment un arrêt de leur croissance. Ainsi, au titre de l’année 2016, les pays de la CEMAC ont stagné en affichant une évolution de leur PIB de 0,2%. La Guinée équatoriale et le Tchad ont même affiché des évolutions négatives de leur PIB de respectivement -5,7% et -3,5%. Et la situation ne devrait pas trop évoluer pour ces deux pays avec des prévisions tablant sur des évolutions de -0,3% au Tchad et -5,7% en Guinée équatoriale pour l’année en cours.
La Cameroun fait exception avec une croissance de 5,6% en 2016 et une hausse équivalente en 2017 grâce à une économie plus diversifiée et moins dépendante des recettes des hydrocarbures.
Conséquence de cette situation, plusieurs pays sont empêtrés dans des difficultés budgétaires énormes et une chute de leurs réserves en devises.
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La situation risque aussi de s’aggraver au titre de l’année en cours, sachant que les meilleures prévisions de croissance au niveau de la région ne tablent que sur une croissance de l’ordre de 1,6%, selon la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).
Pour soutenir cette croissance, la BEAC a décidé de relever son taux directeur de 50 points de base, passant de 2,45% à 2,95% dans le but de freiner l’expatriation des capitaux hors de la zone CEMAC. Cette dernière fait actuellement face à d’énormes difficultés de trésorerie suite à la baisse des cours mondiaux du pétrole, principal produit d’exportation de cinq des 6 pays de la zone. Et pour cause, les pays de la région et la BEAC n’ont pas mis en place une politique rationnelle de gestion des réserves en devises issues des recettes tirées des exportations des hydrocarbures au temps où le baril du pétrole était à un niveau élevé. Actuellement, les réserves ne couvrent au plus que trois mois d’importations des pays de la CEMAC. Quatre pays –Gabon, Guinée équatoriale, Congo et Tchad- tirent entre 70 et 80% de leurs recettes d’exportations des hydrocarbures. Seul le Cameroun échappe à cette forte dépendance grâce à une économie relativement diversifiée.
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Toutefois, pour nombre d’observateurs, cette mesure reste insuffisante face à l’ampleur de la crise économique au niveau de la région.
Pour certains, la région a besoin d’un remède de cheval pour sortir de sa léthargie actuelle. Seulement, presque personne ne voulait entendre parler des ajustements structurels si chers aux experts du FMI et surtout pas de dévaluation du Franc CFA.
A l’exception du président camerounais Paul Biya qui souhaitait un ajustement structurel à l’échelle régionale, tout le monde était opposé aux solutions du Fonds monétaire international (FMI) : baisse des salaires, réduction des avantages, gel des avancements, restrictions budgétaires, etc. Quant à la dévaluation, personne n’y est favorable. Le goût amer laissé par la dévaluation de 1994 est toujours dans les mémoires des populations de la région.
Seulement, pour disposer des ressources du FMI et d’autres bailleurs de fonds, il fallait se soumettre aux diktats de l’institution de Breton Woods. C’est ce qu’ont finalement fini de faire presque tous les pays de la région. La Guinée équatoriale, la république centrafricaine, le Tchad et le Cameroun ont fini par recourir aux remèdes du FMI.
Au delà des conditions du FMI, les pays de la CEMAC semblent avoir compris leurs erreurs et comptent se concentrer sur l’essentiel en mettant la transformation structurelle au cœur de leur plan de développement. Conscients des perspectives pessimistes des cours mondiaux des produits de base dont dépendent leurs recettes fiscales et leurs revenus d’exportations, les pays de la CEMAC semblent décidés à accélérer la transformation structurelle de leurs économies.
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Certains pays s’y étaient engagés depuis quelques années. C’est le cas notamment du Gabon dans le cadre de son Plan Gabon Emergent, et qui s’est engagé durablement à la transformation de son potentiel de l’industrie du bois en interdisant l’exportation du bois à l’état brut. Le pays est ainsi appelé à accélérer cette transformation structurelle et son industrialisation pour sortir de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.
Pour sa part, la Guinée équatoriale est appelée à diversifier son économie. Depuis la découverte du pétrole, l’économie de ce petit pays ne repose plus que sur les ressources tirées des hydrocarbures. Désormais, le pays compte se diversifier en mettant davantage l’accent sur l’agriculture pour libérer le pays de la dépendance pétrolière et ce, d’ici 2020.
Le Tchad quant à lui compte s’appuyer sur l’énorme potentiel de son secteur d’élevage pour exploiter tout le potentiel de ce secteur (viande, lait, cuir, etc.) en vue d'en faire un vecteur de la diversification de son économie et donc de la réduction de la dépendance de l’économie du pays à l’or noir.
Reste que pour réussir leur diversification, les pays de la région devront aussi, dans le cadre de leur intégration économique, mettre l’accent sur le développement des infrastructures au niveau de la sous-région afin d’améliorer leur connectivité régionale.