Franc CFA: Christine Lagarde voulait offrir une dévaluation à la CEMAC en guise de cadeau de Noël

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Le 09/01/2017 à 14h01, mis à jour le 09/01/2017 à 19h10

Revue de presseA la veille de Noël, les chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) se sont rendus précipitamment à Yaoundé. C'était pour s'entendre dire qu'au vu de leurs piètres performances économiques, il fallait dévaluer le franc CFA d'Afrique centrale.

Kiosque le360afrique. C’est difficile à croire, mais venant d’une publication comme Jeune Afrique, on ne peut se résoudre à douter de la véracité de l’information. Le 23 décembre dernier, Christine Lagarde, directrice générale du FMI et Michel Sapin, ministre français de l’Economie et des finances se sont rendus à Yaoundé avec, dans leur valise, un plan de dévaluation du franc CFA de la zone Cemac, rapporte l’hebdomadaire parisien.

C’était lors d’un sommet extraordinaire qui a vu la participation des six chefs d’Etat de cette zone monétaire, à savoir Paul Biya du Cameroun, Ali Bongo du Gabon, Denis Sassou Nguesso du Congo, Idriss Déby du Tchad, Obiang Nguema de la Guinée équatoriale et Faustin-Archange Touadéra de Centrafique. Cette présence massive est en soit un signe du caractère hautement stratégique de la rencontre. Parce qu’il est fréquent que les présidents se fassent représenter par leur ministre des Finances lors des sommets. A cela s’ajoute le caractère extraordinaire de l’ordre du jour qui laissait présager une décision similaire à celle de 1994, liée à la première et unique dévaluation du CFA.

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Christine Lagarde aurait dit à ces dirigeants de l’une des deux zones CFA : "Vos réserves de change ne couvrent plus que deux mois d’importations, ce qui est incompatible avec une zone monétaire à taux de change fixe. Vos perspectives sont mauvaises, la zone Cemac se dirige vers une crise encore plus sérieuse, il faut songer à dévaluer." Ce à quoi ils ont opposé une fin de non recevoir, considérant qu’il s’agissait d’un "coup de poignard dans le dos à la veille de Noël". Mais, selon François Soudan, "l’épée de Damoclès est bien là et elle restera suspendue toute l’année 2017 au-dessus de leur tête".

Pour la zone CFA de l’Afrique de l’Ouest, Lagarde et Sapin ont trouvé que le franc se portait bien et qu’il n’y avait pas de raison de s’alarmer. L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est constituée de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Bénin, du Togo, du Niger et de la Guinée Bissau.

Les mauvais souvenirs reviennent

Il faut dire qu’avec cette information, les mauvais souvenirs resurgissent. Car, le 11 janvier 1994, Edouard Balladur décidait à lui seul de diviser par deux la parité du CFA par rapport au franc français de l’époque. D’abord, la fierté des Africains en avait pris un sérieux coup. L’image d’un Premier ministre français face à 14 chefs d’Etat et qui réussit à imposer sa volonté n'était guère valorisante. Ensuite, c’est le portefeuille des Sénégalais, Ivoiriens, Maliens, Congolais ou autres Gabonais qui en a souffert. Puisque le pouvoir d’achat de ces pays qui importe la quasi-totalité de leurs biens a été divisé par deux.

Déjà depuis le 2 août 1993, le Premier ministre français avait suspendu partiellement la convertibilité du CFA en refusant le change des billets. Mais, les Africains ne s’attendaient pas ou peu à qu’il aille aussi loin.

Ces nouvelles révélations de Jeune Afrique interviennent à un moment où de nombreux acteurs de la société civile africaine réfléchissent à la sortie du franc CFA. Plusieurs manifestations ont été organisées le weekend dernier à travers le monde entier.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 09/01/2017 à 14h01, mis à jour le 09/01/2017 à 19h10