La question de l’avenir du Franc CFA, hérité de la période coloniale, a été clairement abordée lors de la session extraordinaire de la conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) qui s'est tenue le 22 novembre dernier à Yaoundé, la capitale du Cameroun.
Dans le communiqué final émis à la clôture de cette session sous-régionale de haut niveau, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur volonté de disposer «d'une monnaie commune stable et forte».
«Demain, quand nous sortirons du franc CFA, nos appartiendrons à un seul cadre monétaire», a souligné le président tchadien, Idriss Déby Itno.
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«Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le franc CFA, ils ont décidé d'engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d'une nouvelle coopération», indique le document. Toutefois, «nous ne devons pas être liés aux anciennes puissances coloniales», a affirmé le président équato-guinéen.
Aussi, les dirigeants de la sous-région ont-ils chargé la Commission de la CEMAC et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) de proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié conduisant à l'évolution de la monnaie commune.
L'adoption de celle-ci devrait sonner le glas du franc CFA. Hérité de la colonisation, cette monnaie divise aujourd'hui les économistes et les chefs d’État de la zone franc.
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Beaucoup n'hésitent d'ailleurs plus à la remettre ouvertement en cause, et ce, au plus haut niveau des Etats membres. Cette monnaie est en effet présentée par de nombreux experts en finance comme un frein au développement. Mais ceux qui sont pour le maintien du franc CFA, avancent l’argument de la stabilité qu’offre cette monnaie face aux spéculations.
Reconstitution des réserves
Actuellement, un euro vaut environ 655 franc CFA. Après une dévaluation effectuée en 1994, le spectre d'une nouvelle décote revient régulièrement. Il s'est même précisé il y a quelques années, lorsque la situation économique était particulièrement morose dans la sous-région. Cette situation a nécessité la mise en œuvre de réformes, avec l’appui de partenaires techniques et financiers internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI).
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La plupart des pays de la CEMAC ont négocié avec l'institution financière des accords au titre du mécanisme (ou facilité) élargi de crédit. Des mesures qui ont amélioré la situation économique. Les réserves de change de la zone CEMAC se situent actuellement à 3,3 mois d’importation sans rupture pour une recommandation de 3 mois dans le cadre de politiques de change à paritén fixe et loin des 1,5 mois enregistré en octobre 2016.
En conséquence, les chefs d’État ont-ils relevé avec satisfaction «la reconstitution des réserves de change communautaire permettant ainsi de préserver le régime de change à parité fixe de la monnaie commune et d'éviter un ajustement monétaire».
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Par ailleurs, la politique monétaire actuelle de la CEMAC est encadrée par des mesures de discipline budgétaire plus strictes dans la gestion des finances publiques au sein des États et la mise en œuvre soutenue des réformes institutionnelles monétaires. L'accent est également mis sur le rapatriement des recettes d’exportations et des avoirs extérieurs.