Fini le temps des vaches grasses. Le Gabon traverse une crise économique aiguë dans le sillage de la baisse des cours du pétrole dont le pays est fortement dépendant. Si la croissance est de retour, elle demeure molle. Après une évolution du PIB de l’ordre de 0,5% en 2017, la croissance devrait atteindre 2% en 2018. Mais les déséquilibres restent patents. Le déficit budgétaire demeure important et les réserves en devises s’amenuisent.
Face à cette situation, le pays était obligé de faire appel au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale pour financer le déficit budgétaire et relancer une économie grippée. Ces institutions ont proposé, comme à l’accoutumée, des ajustements structurels et une orthodoxie financière, mesures qui ne sont pas loin de rappeler ceux des Programmes d’ajustement structurel des années 1980.
Seulement, si le Gabon s'était résolu à suivre la thérapie, la dernière mission du FMI s’est dite préoccupée par la faiblesse des résultats du programme, les dérapages budgétaires substantiels et les progrès au niveau des réformes structurelles en deç des attentes.
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Seulement, les interventions de la Banque mondiale et surtout du FMI sont soumises à une série de mesures d’austérité draconiennes, dont particulièrement celles visant à réduire le train de vie de l’Etat et surtout de dégraisser la fonction publique.
Face à cette situation, le pays a mis en place une task force visant à assainir les finances publiques et orienter le gouvernement pour actualiser le Plan de relance économique (PRE).
Le président Ali Bongo lui-même a reconnu la gravité de la situation et souligné: «nous avons réalisé que nous ne pouvons plus continuer ainsi avec des problèmes d’ordre structurel et conjoncturel. Il était judicieux de réviser la méthode».
Ainsi, sous la pression du FMI, le pays a adopté des mesures d’austérité budgétaire draconiennes. Après la réduction des effectifs des représentations diplomatiques du pays à l’extérieur de 30%, ces mesures ont touché plusieurs administrations publiques dont le Palais présidentiel et la primature. Ainsi, la présidence gabonaise a remercié 486 collaborateurs du chef de l’Etat, soit environ 40% des effectifs de la présidence, dont de hauts cadres. La primature a fait de même et les autres ministères sont appelés à suivre. Le personnel affecté au cabinet du Premier ministre Emmanuel Issozé Ngondet a été réduit de 50,63%, passant de 237 à 117 membres.
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Autrement dit, la haute administration est sévèrement touchée pour réduire la masse salariale. Avec 105.000 agents publics, pour une population d’environ 1,8 million d’habitants, la masse salarial de l’Etat gabonais ressortait à 710 milliards de francs CFA par an, soit 1,08 milliard d’euros, et absorbe 60% des recettes publiques.
En plus, des réductions de salaires sont aussi annoncées et viseraient de nombreux fonctionnaires gabonais qui gagnent plus de 990 euros.
Par ailleurs, les recrutements dans l’administration publique sont suspendus durant trois ans et les fonctionnaires en abandon de poste ou présentant des maladies longue durée sont radiés de la fonction publique. De même, les achats de véhicules grand luxe est interdit et les voyages en classe affaires sont désormais réservés aux seuls ministres. Rien que pour cette dernière mesure, une économie de 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) est attendue.
Ces mesures d’austérité devraient permettre à l’Etat de réaliser des économies pour un montant de 140 milliards de francs CFA (213,41 millions d’euros) sur le budget 2018, a souligné le ministre gabonais du Budget et des comptes publics, Jean-Fidèle Otandault.
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Par ailleurs, pour accroître les taxes, l’Etat a mis en place la taxe sur les propriétés foncières bâties et non bâties. Une cure d’austérité qui chamboule les équilibres et les habitudes enracinées dans l’administration publique gabonaise depuis l’indépendance.
Cette situation risque d’entrainer une levée de boucliers avec les syndicats qui contestent déjà les ajustements annoncés et qui n’entendent pas sacrifier leurs acquis sociaux sur l’autel de l’austérité budgétaire. «Nous n’acceptons pas de payer la note, alors que ce sont eux qui ont amené le pays au bord de la banqueroute», a souligné Patrick Mombo, membre du syndicat "Dynamique unitaire".
Elle est aussi loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique gabonaise. Pour le président du Parti socialiste gabonais Léon Mbou Yembi, ces mesures sont de la «simple rigolade». «Qu’ils fassent rapatrier dans les plus brefs délais les milliards détournés au peuple gabonais. Qu’ils vendent leurs châteaux, leurs hôtels et restaurants. Ça nous permettra de rembourser la dette extérieure de l’Etat gabonais et financer la dette intérieure,…», a t-il expliqué.
Idem du côté de l’Union du peuple gabonais (UPG) qui déplore que certaines mesures qui ont un effet immédiat ne soient pas prises, citant par exemple «la réduction de la taille du gouvernement actuel» qui «obère lourdement le budget de l’Etat».