Vidéo. Gabon: six ans de détresse pour les épargnants floués par la micro-finance BR Sarl

Le360/ Ismaël Obiang Nze

Le 18/11/2021 à 14h12, mis à jour le 18/11/2021 à 14h14

VidéoLe collectif des épargnants de la société de microfinance "Bâtisseurs des richesses" (BR Sarl), est en colère. Et pour cause, le fondateur de cet établissement de microfinance, dont le siège se trouvait à Libreville, est en fuite, sans plus jamais donner de nouvelles.

Marie Louise Bouanga, victime parmi des milliers d'autres, est tombée dans cette arnaque après avoir suivi la publicité de la microfinance à travers les médias nationaux. Dès les premiers jours qui ont suivi l'installation de BR Sarl à Libreville, elle consent d'y investir l'équivalent de 2 millions de francs cfa de ses modestes économies de commerçante.

"J'ai suivi l'installation de cette banque en 2011 au Gabon. Elle s'est très vite étendue dans toutes les provinces du pays. Tout le monde a couru pour y placer son argent. En fait, on se disait que c'est l'occasion de fructifier l'argent pour s'installer dans le monde des affaires. Mais, à la surprise générale, en 2015 nous apprenons que BR Sarl a fermé ses portes. C'était la débandade totale jusqu'à ce jour", confie-t-elle.

Depuis, beaucoup d'épargnants sont morts. Quarante décès, selon le collectif des victimes qui est vent debout pour obtenir justice, avec le Congrès des agents publics et para-publics de l'Etat (Cappe), qui suit de près ce dossier.

"On laisse le Cappe aller jusqu'au bout, parce qu'on lui a demandé d'aller vers la commission bancaire d'Afrique Centrale (COBAC). L'un des organismes financiers sous régionaux les mieux outillés pour mettre hors d'état de nuire les auteurs de ce forfait. Un forfait de nature à ternir malheureusement l'image du Gabon sur le plan international", déclare Jacques Ngoua, une autre victime de la forfaiture du tristement célèbre établissement de microfinance, dont les promoteurs sont devenus introuvables.

Une affaire qui remonte à environ six ans. C'est donc, dans le cadre des rencontres d'évaluation de leurs différentes démarches, que les victimes, soutenues par le Congrès des agents publics et parapublics de l'Etat, se sont retrouvées le week end dernier à Libreville pour solliciter l'aide du chef de l'Etat sur ce dossier en passe de tomber dans les oubliettes, si l'on en croit Emmanuel Mvé Mba, le président du Cappe.

"Il s'agit de 18.000 personnes, 18.000 familles qui sont en détresse aujourd'hui. Nous avons dernièrement adressé une correspondance au chef de l'Etat. Nous attendons la réponse. Parce que nous voulons dire au chef de l'Etat de régler lui-même ce problème. Nous enregistrons aujourd'hui plus de 40 décès à la suite de cette escroquerie nationale", déclare le président du Cappe.

Espérant toujours entrer en possession de leurs épargnes détournées par le "Bâtisseur de richesses" (BR Sarl), la microfinance à l’origine de ce scandale financier estimé à 32 milliards de francs Cfa, le Congrès des agents publics et parapublics de l'Etat dit avoir multiplié des actions pour que le gouvernement actionne les leviers de la justice afin de rattraper le fossoyeur en cavale. Mais, à ce qui semble, le dossier piétine car, pour Emmanuel Mvé Mba, "cette escroquerie bénéficierait des complicités tapies dans l'ombre des hautes sphères de l'Etat".

La société de microfinance poursuivie par les plaignants promettait aux investisseurs, des taux d'intérêt très élevés atteignant parfois 20%.

Sauf qu'après quatre ans d'existence, l'entreprise a brutalement fermé en octobre 2015. C'est tout désillusionnés que les épargnants ont saisi la cour de justice de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac) aux fins d'obtenir son arbitrage. La requête ouverte prévoit une audience d'ici le mois prochain à Ndjaména au Tchad où siège la cour de justice de la Cemac.

Du côté des autorités gabonaises, sollicitées par le collectif des victimes de l'arnaque de BR Sarl, la réaction est sans équivoque; "la microfinance a floué les gens qui, eux, ont décidé d’aller vers l’argent facile parce qu’au Gabon, il y a des banques avec des taux officiels reconnus. Ils sont allés vers des taux exorbitants et de ce point de vue, l’Etat gabonais n’est pas du tout mis en cause dans cette histoire".

Un argument qui passe comme une pilule amère pour le Congrès des agents publics et para publics de l'Etat. Le Cappe qui s'est orienté vers la cour de justice de la communauté économique et monétaire d'Afrique centrale aux fins d'obtenir de BR Sarl le remboursement des épargnes des victimes.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 18/11/2021 à 14h12, mis à jour le 18/11/2021 à 14h14