Gabon: Ali Bongo lance une traque contre les malversations financières

Ali Bongo, président du Gabon.

Ali Bongo, président du Gabon.. DR

Le 13/01/2017 à 17h02, mis à jour le 13/01/2017 à 17h09

Débarqué le 9 janvier du portefeuille de ministre du Pétrole, Etienne Ngoubou séjourne depuis hier en prison. Il y rejoint d’autres pontes du parti au pouvoir poursuivis pour malversations financières. Ces arrestations suscitent bien évidemment des réactions au Gabon.

Kiosque le360 Afrique: Ali Bongo a t-il lancé une opération mains propres? Les Gabonais se posent légitimement la question suite aux arrestations des dirigeants proches du pouvoir. Dernier cas en date, le limogeage le 9 janvier courant suivi de l’emprisonnement du puissant ministre du Pétrole et des hydrocarbures, Etienne Ngoubou, placé sous mandat de dépôt ce jeudi. Avant cela, il a été entendu par les services de la Direction générale de recherche (DGR), avant d’être auditionné par le procureur de la république puis entendu par le juge d’instruction, qui a ensuite délivré un mandat de dépôt ordonnant son incarcération.

Selon gabonreview.com, «il serait coupable de malversations financières autour de la construction de barrages hydroélectriques et d’un bras de fer avec Addax Petroleum». Selon le site d’information, entre 2012 et 2013, l’Etat gabonais, via Gabon oil company, avait réquisitionné le permis Obangué exploité par la compagnie pétrolière Addax Petroleum, filiale du chinois Sinopec.

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L’autre reproche est lié au projet de construction du barrage hydroélectrique FE2 et de celui de Ngounié par la Compagnie de développement des énergies renouvelables (Coder Gabon). Le ministre avait aussi arrêté le projet et sommé l’entreprise d’abandonner celui-ci alors qu’un montant de 700 milliards de FCFA devait être versé à l’entreprise réalisatrice de l’ouvrage en cas de résiliation du contrat. A date d’aujourd’hui, ce projet n’est pas encore finalisé.

En prison, l’ex-homme fort du secteur pétrolier gabonais retrouve Magloire Ngambia, «un ancien tout-puissant ministre de l’Economie, du commerce et du tourisme, devenu ensuite ministre de la Promotion des investissements, des Transports, des Travaux publics, de l’Habitat, du Tourisme et de l’Aménagement du territoire (ouf, n’en jetez plus), avant de rallier le cabinet présidentiel en qualité de conseiller spécial», souligne gabonreview.com. Il lui est reproché, selon certaines sources, d’avoir détourner 500 milliards de FCFA (soit 762 millions d’euros).

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D’autres responsables d’établissements publics ont été également arrêtés, dont ceux de la Poste gabonaise accusés de détournement de déniers publics et de malversations financières.

Vu le nombre d’arrestations en un laps de temps, certains se demandent si Ali Bongo n’a pas décidé enfin de lancer une opération «Mains propres» pour faire face aux malversations dont sont responsables certains caciques de son régime. Une opération globalement bien vue par de nombreux Gabonais du fait du niveau des malversations pointées du doigt et consécutives à un laisser-aller.

Seulement, pour gabonreview.com, «face à la crise économique et sociale, sous les coups de boutoir d’une opinion publique de plus en plus frondeuse, la majorité est au bord d’une purge visant naturellement les «carriériste» et «égoïstes» désormais décrits comme des menaces intérieures. Comme Saturne ou Kronos, la révolution émergente mange ses enfants. Sans stratégie personnelle et d’ensemble, elle est condamnée à glisser vers une période de terreur».

Par Kofi Gabriel
Le 13/01/2017 à 17h02, mis à jour le 13/01/2017 à 17h09