C’est une nouvelle bataille qui s’engage entre le pouvoir et les dirigeants de l’opposition radicale gabonaise. En effet, une année après l’élection controversée, Jean Ping se considère toujours comme étant le président élu du Gabon. Et à ce titre, il avait lancé, le 18 août dernier, un appel aux Gabonais. «A partir de ce jour, je ne vous retiens plus. En conséquence, je demande aux populations et à tous les Gabonais de la diaspora et se lever comme un seul homme pour marquer solennellement mon arrivée au pouvoir. Je vous enjoins d’organiser, dès aujourd’hui et sans limite, jusqu’au départ des putschistes, toute manifestation civique».
Un appel qui a été suivi immédiatement par une réaction du gouvernement par la voix du ministre de l’Intérieur Lambert-Noel Matha, expliquant que le «candidat malheureux» Jean Ping «s’est à nouveau illustré par des propos séditieux menaçant gravement la paix, la cohésion et l’unité qui fondent notre vivre ensemble». Pour le gouvernement, il s’agit tout simplement d’un appel à l’insurrection.
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Et d’un ton menaçant, il ajoute: «le gouvernement les appelle au ressaisissement, à la soumission aux principes et valeurs qui fondent tout Etat démocratique, sous peine de voir opposés à eux les affres de la loi que nul n’est censé ignorer».
Du coup, le ministre de l’Intérieur a considéré qu’il s’agit «des propos séditieux, des propos d’une extrême gravité», considérant que Jean Ping a appelé ses partisans «au trouble à l’ordre public, à l’insurrection, à la rébellion et à la guerre civile».
Face à cette situation, le gouvernement a décidé de renforcer la sécurité autour des dirigeants de l’opposition et a interdit certains de quitter le territoire gabonais.
L’opposition parle de l’existence d’une liste noire de membres de l’opposition radicale interdits de quitter le territoire gabonais.
Cette décision a déjà touché des caciques de l’opposition gabonaise. C’est le cas d’Albert Ondo Ossa, ancien ministre et ancien candidat à la présidentielle de 2009, empêché d’embarquer dans un avion de Rwandair pour se rendre à un colloque international au Cameroun.
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De même, l’ancien Premier ministre, Casimir Oyé Mba, important soutien de Jean Ping lors de la dernière présidentielle, et son épouse n’ont pas pu embarquer vendredi dernier dans un vol d’Air France à destination de Paris.
De même, cette interdiction de sortie du territoire concerne naturellement Jean Ping qui se proclame toujours comme étant le vainqueur de l’élection présidentielle du 27 août 2016.
Partant, après l’accalmie, c’est une nouvelle phase d’escalade qui s’est enclenchée entre le pouvoir d’Ali Bongo et l’opposition radicale dirigée par son rival à la présidentielle de 2016, Jean Ping.