Guinée: vers l'adoption d'une version controversée du code électoral

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Le 08/02/2017 à 09h02, mis à jour le 08/02/2017 à 09h07

Une version révisée du code électoral de la Guinée est soumise à l'Assemblée nationale qui part en session extraordinaire dès jeudi 09 février. Cependant, ces modifications sont loin de faire un consensus au sein de la classe politique.

La version à adopter du code électoral prévoit la désignation des chefs de quartiers et de districts au prorata des résultats des élections communales. Ce qui ne permettra plus aux citoyens de ces quartiers et districts de présenter des candidats à ces élections dites de base. Pourtant, depuis octobre 2016, ce point divise la classe politique. L'Opposition républicaine (qui regroupe les grands partis de l'opposition) et la mouvance présidentielle sont d'accord pour la modification. Ce sont eux d'ailleurs qui ont signé l'accord qui a abouti à la révision du Code électoral.

A l'opposé, la société civile et une myriade de petits partis voient en cette révision un danger pour les citoyens. « Nous ferons tout pour que cet accord ne passe pas à l'Assemblée », continue à s'opposer Sékou Koundouno, chargé de la communication du mouvement « Debout citoyen ». Né le 10 octobre 2016, ce mouvement a été mis en place d'urgence pour contrer l'application de l'accord entre la mouvance présidentielle et l'opposition républicaine. Sauf qu'il n'a pas fait le poids devant les deux géants de la politique en Guinée. Debout citoyen a cru un moment avoir réussi quand la majorité présidentielle a voulu faire machine arrière. Mais celle-ci a finalement décidé de retirer son projet d'amendement du point 2 ( le point controversé de l'accord du 12 octobre ) sous la pression de l'Opposition républicaine.

« Les recommandations du point 2 sont et demeurent une forfaiture ou une manière de confisquer les droits et libertés des citoyens », a répliqué le président du parti Bloc Libéral, Dr Faya Millimono, sur Guineenews.org. « Nous demandons à la population de rester mobilisée contre cet accord », a réitéré Faya Millimono. Parmi les partis qui sont contre l'accord, il y a aussi l'UFR de l'allié du pouvoir Sydia Touré, le PEDN de l'ancien Premier ministre Lansana Kouyaté.

« Les gens me parlent de violation des droits des citoyens. Pourtant, ce sont les citoyens des quartiers et communes qui élisent. Il est dit que si une liste de candidature vient en tête, c'est le parti de cette liste qui va désigner le chef de quartier. Alors, si les citoyens votent pour une liste, c'est que c'est leur volonté qui est exprimée », réplique Fodé Oussou Fofana de l'Opposition républicaine. « Nous prévenons la Mouvance parce qu'elle est capable de faire un rétropédalage. Si les conclusions de l'accord ne sont pas adoptées, ça sera le statu quo », prévient Fodé Oussou Fofana, vice-président de l'UFDG.

Fofana estime que la loi n'a pas été violée et qu'un vote contre le code électoral modifié replongerait le pays dans l'impasse politique. «Les partis qui critiquent cet accord ont juste peur d'aller aux élections», selon lui. «Quant à la société civile, elle devrait tout simplement se taire, parce qu'elle a perdu sa crédibilité dans ce pays» ajoute-t-il.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 08/02/2017 à 09h02, mis à jour le 08/02/2017 à 09h07