Après deux mois d'étude, l'expert international Homba Dieudonné indique que la plupart des prisons guinéennes ne sont pas équipées pour permettre des activités de réinsertion socioprofessionnelle. «C'est un gros défi, dans les prisons guinéennes, il n'y a pas un endroit où exercer des activités de réinsertion», indique-t-il. Les experts recommandent beaucoup d'investissement dans les infrastructures pénitentiaires. Le constat n'étonne cependant pas les autorités guinéennes qui possèdent déjà plusieurs rapports d'ONGs de défense des droits de l'Homme. «Le plus gros problème de nos prisons reste la surpopulation carcérale. Dans certaines prisons, le taux de surpeuplement dépasse les 500%. C'est par exemple le cas de la Maison centrale de Conakry», rappelle Mohamed Koly Kourouma, chef de cabinet du ministère de la Justice.
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L'étude révèle qu'il y a 3.200 prisonniers en Guinée dont 3% de femmes et 5% de mineurs. Si les cellules des hommes sont séparées de celles des femmes, ce n'est pas le cas des mineurs qui se retrouvent parfois dans les mêmes cellules que des grands criminels. D'ailleurs, souligne le ministère de la Justice, c'est chez ces mineurs que le taux de récidive reste très élevé. «La récidive et l'oisiveté sont deux maux qui affectent moralement et physiquement les personnes privées de liberté. Cette récidive est causée par l'absence d'activité de réinsertion au sein de nos prisons», explique Me Kourouma.
Le phénomène de surpopulation et l'évolution du profil des détenus ont poussé la Guinée à consacrer une partie de son Programme d'appui à la réforme de la justice (PARJU) au système carcéral. Ce programme financé à hauteur de 20 millions d'euros par l'Union européenne est à l'origine de la récente étude sur la prison guinéenne. Une stratégie de réinsertion socioprofessionnelle des détenus est donc en train d'être définie. Les femmes et les mineurs y sont privilégiés.
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«Il y a beaucoup à dire sur la réinsertion des détenus en Guinée, et les défis sont nombreux», a reconnu mardi, le directeur de l'Administration pénitentiaire Charles Victor Macka, lors d'un atelier de présentation de l'étude sur la réinsertion des prisonniers. Huit grandes prisons du pays vont servir de sites pilotes pour le projet. Il s'agit des établissements pénitentiaires de N'Zérékoré, Labé, Kankan, Mamou, Siguiri, Kindia, Coyah et la Maison centrale de Conakry. Plus grand centre de détention de la capitale, la Maison centrale est souvent citée quand on parle des mauvaises conditions de détention en Guinée.
Edifiée par les colons français au début du 20e siècle pour accueillir une population carcérale de 300 personnes, elle abrite aujourd'hui près de 1.500 prisonniers. Selon les témoignages des défenseurs des droits de l'Homme, et même de l'ancien ministre des Droits de l'Homme Gassama Diaby, des délinquants y cohabitent avec des criminels, des malades mentaux et des hommes normaux. Des femmes y vivent avec leurs nourrissons, alors que des cellules de 2 mètres carrés peuvent être occupées par une dizaine de détenus...
Avec le nouveau code pénal qui détermine des peines alternatives à l'incarcération, les autorités judiciaires du pays espèrent que les prisons seront décongestionnées.
Qualifier le personnel
Dans certaines prisons, quelques activités marginales génératrices de revenus et de réinsertion ont été initiées par des ONGs. Mais elles n'ont pu prospérer à cause du cadre pénitentiaire restreint et d'un manque de personnel qualifié.
Néanmoins, pour qualifier le personnel pénitentiaire, treize cadres de cette administration ont effectué un stage de formation en France en 2016. Par ailleurs, un décret présidentiel a attribué en octobre 2016 un statut au personnel de l'administration pénitentiaire, sortant ainsi ces hommes d'une situation de non-droit. Tandis qu'un second décret a porté sur le régime juridique des établissements pénitentiaires.
En Guinée, le personnel de l'administration pénitentiaire a toujours été montré du doigt pour son amateurisme. Avec les nouvelles mesures prises par les autorités guinéennes, on espère une nouvelle donne.