La révolte couvait depuis quelques jours à la célèbre prison de Rebeuss. Hier, dans un sursaut d’exaspération, 600 détenus ont profité des visites et de l’heure de promenade pour tenter une évasion collective. Au bout de quatre heures de lutte, l’administration pénitentiaire, qui a utilisé «les moyens à sa disposition» (des tirs à sommation) est parvenue à maîtriser la situation et contenir la fronde. Bilan officiel: 1 mort dans les rangs des détenus et 41 blessés des deux côtés.
En conférence de presse, hier soir, le directeur de l’administration pénitentiaire, le colonel Daouda Diop, a lancé un appel au calme à (ses) «parents détenus». «Les problèmes sont connus de tous. Ils ne datent pas d’aujourd’hui. Le gouvernement est parfaitement conscient de la situation des prisons du Sénégal. Des mesures seront prises dans l’immédiat et dans le futur pour y faire face», promet-il.
Avant la mutinerie d’hier, les détenus de Rebeuss réclamaient, dans leur mouvement d’humeur, une solution aux longues détentions sans jugement et la permanence des chambres criminelles pour justement éviter l’accumulation des dossiers. La dernière revendication a trait à la promiscuité du fait du surpeuplement dans les prisons sénégalaises.
Avant le transfèrement d’une partie des détenus dans d’autres prisons au début du mouvement d’humeur à Rebeuss, en début de semaine dernière, la célèbre prison dakaroise comptait une population carcérale de 2.377 détenus, dépassant largement ses capacités.
Comme toutes les autres prisons du pays, elle date de l’époque coloniale. Aucune prison n’a été construite depuis l’indépendance alors que la population sénégalaise à au moins doublé.
Les ONG de défense des droits de l’homme qui exhortent, depuis plusieurs années, l’Etat à mettre fin aux mauvaises conditions de détention, ont cosigné un communiqué invitant le gouvernement à revoir sa politique carcérale. Le communiqué signé par la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADHO), la Ligue sénégalaise des droits de l’homme (LSDH) et Amnesty International Sénégal exhorte le gouvernement à diligenter la construction de la nouvelle prison de Sébikhotane et de trouver une solution pour mettre fin aux longues détentions préventives, la principale revendication des détenus.