Guinée: le premier ministre dans une présumée affaire de moeurs

DR

Le 10/03/2017 à 20h06

Le gouvernement guinéen sort de sa réserve pour défendre son Premier ministre accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec une mineure de 15 ans. Tout est parti d'un post sur Facebook d'une Guinéenne résidant à l'étranger et d'un député de l'opposition prêt à sauter sur l'occasion.

Pour le gouvernement, cette nouvelle qui coure actuellement sur les réseaux sociaux n'est rien d'autre qu'une campagne de diffamation contre son Premier ministre. "Le gouvernement constate avec regret depuis plusieurs semaines, des tentatives répétées et persistantes visant à ternir l'image du Premier ministre et celle du gouvernement à travers des campagnes insidieuses menées sur les réseaux sociaux et dans certains médias", a déploré le gouvernement dans un communiqué dont il s'est fendu mercredi.

Le gouvernement dit avoir gardé longtemps le silence sur la situation par respect pour les institutions de la République. Maintenant que les "allégations" l'ont amené à sortir de sa réserve, il a même demandé au ministre de la Justice Cheik Sako d'examiner toutes les voies légales en vue de faire engager une poursuite judiciaire contre toutes les personnes mêlées de près ou de loin à ces "actes répréhensibles".

C'est le député Ousmane Gaoual Diallo de l'UFDG — principal parti de l'Opposition — qui a lancé la flamme le weekend dernier lors de l'assemblée générale hebdomadaire de son parti. Devant un groupe de journalistes, l'opposant a déclaré: "J'ai visionné une vidéo sur Internet où une femme guinéenne vivant à Paris déclare que le Premier ministre entretient des relations avec une enfant de 15 ans." Et de juger que "cela est criminel." Les propos du député relayés par la presse ont suscité toutes sortes de commentaires sur les réseaux sociaux. " C'est un gouvernement pervers", lance aussitôt un Facebookers qui croit en savoir plus sur le sujet soulevé par le député.

Le gouvernement, lui, ne parle pas d'une femme vivant à Paris. Mais plutôt d'une dame installée aux Etats-Unis qui a lancé des "allégations fallacieuses, prétendant que le frère du Premier ministre affréterait des jets privés pour les voyages du Chef de l'Etat et évoquant le battage médiatique orchestré autour du concours Miss Guinée..." Poursuivant sa réplique, le gouvernement a fustigé le fait que " cette même presse et ses commanditaires, profitant de la polémique engendrée par la circulation d'images impliquant de tierces personnes, aient encore jeté en pâture le nom du Premier ministre et d'autres membres du gouvernement." 

Le gouvernement guinéen dit soutenir les combats contre les actes contraires à la morale. Mais dans le cas de son Premier ministre, il regrette "la propension de certaines personnes à instrumentaliser les réseaux sociaux pour porter atteinte à la réputation d'honnêtes citoyens". L'équipe de Mamadi Youla dénonce surtout la sortie de certains politiciens sur le sujet. 

Une récurrence des scandales sexuels mettant en cause des personnalités guinéennes indigne la Guinée "puritaine" depuis le début de l'année. Tout a commencé en février dernier avec des miss jugées trop dénudées. Vinrent ensuite l'affaire d'une sextape digne d'un film pornographique et mettant en scène de deux hommes bien connus à Conakry, puis les images d'un cadre du parti présidentiel se masturbant devant une webcam. Ce dernier a été démis de ses fonctions administratives par le président Alpha Condé.

Par Mamourou Sonomou (Conakry, correspondance)
Le 10/03/2017 à 20h06