Mali: la fonction publique est réservée aux militants des partis au pouvoir !

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Le 20/10/2016 à 16h36

La fonction publique est une véritable boîte pour absorber les militants des partis au pouvoir et leurs alliés. Au Mali, de nombreux subterfuges sont utilisés pour placer ceux-ci dans la fonction publique et les collectivités. L’un de ces recrutements mafieux a éclaté récemment au grand jour.

Au Mali, chaque régime a son lot d’agents qui intègrent la fonction publique et émargent au budget national. Du temps du régime du président Alpha Oumar Konaré avec le parti ADEMA-PASJ, à celui du général président Amadou Toumani Touré, champion de la gestion partagée du pouvoir avec son label de ‘’consensus’’, en passant par la période trouble de la transition, tous ont gonflé les rangs de la fonction publique de l’Etat et des collectivités ou dans les grands services parapublics.

Des recrutements en catimini, des listes de personnes présélectionnées imposées lors des concours de recrutement (surtout au niveau des recrutements des forces armées et de sécurité) etc., bref toutes les occasions sont bonnes pour placer les militants dans l’administration au grand mépris des règles et de l’égalité des chances.

Le parti Rassemble pour le Mali (RPM) de l’actuel locataire de Koulouba (palais présidentiel), Ibrahim Boubacar Kéïta, ne déroge pas de ce système. En trois ans, beaucoup de jeunes du parti émargent déjà au budget national par le truchement des responsables hauts placés du parti au pouvoir.

L’une de ces grosses magouilles savamment orchestrées a été étalée sur la place publique et anime les débats. Elle concerne le recrutement de près de 500 agents du personnel contractuel au compte du ministère de l’Economie et des finances. Pour des raisons d’intérêts entre les responsables du RPM qui voulaient en faire une occasion pour placer leurs militants et des agents de la Direction des ressources humaines, la magouille a fini par éclater au grand jour, devenant le sujet de conversations favori des jeunes de Bamako. Du coup, pour étouffer le secret, le ministre en charge de la Fonction publique a tout simplement annulé ce fameux recrutement sur ordre de son homologue de l’Economie et des finances.

De toute évidence, sur les 200.000 emplois promis par le président de la république Ibrahim Boubacar Kéïta dans le cadre de son quinquennat, la majeure partie sera sans doute constituée des militants du RPM, le parti au pouvoir.

Par Daouda Tougan Konaté (Bamako, correspondance)
Le 20/10/2016 à 16h36