Mali: groupes pro-gouvernementaux et opposition critiquent le pouvoir

Soumeylou Boubèye Maiga, nouveau Premier ministre malien.

Soumeylou Boubèye Maiga, nouveau Premier ministre malien.

Le 02/01/2018 à 21h51, mis à jour le 03/01/2018 à 09h51

L'ex-rébellion à dominante touareg du nord du Mali et les groupes armés soutenant le pouvoir ont déploré mardi un manque de concertation lors de la formation du nouveau gouvernement, tandis que l'opposition qualifiait de "manœuvre" le processus d'entente nationale annoncée par le président.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 (pro gouvernementaux) "prennent acte de la formation du gouvernement du Mali dirigé par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga", ont-elles indiqué dans un communiqué conjoint.

Mais ces deux mouvements ajoutent qu'"ils n'ont à aucun moment été consultés comme jadis le firent les précédents chefs de gouvernement afin de, à travers leur participation, constituer un gouvernement prenant en compte les aspirations profondes des populations du nord/Azawad.

Ces groupes, signataires de l'accord de paix de 2015, conservent, dans le gouvernement formé dimanche, la même représentation que dans le précédent, avec des ministères comme celui de la Réconciliation nationale, de l'Administration, du Développement industriel, de l'Artisanat et du Tourisme réputés proches de leurs idées. En revanche, ils n'ont toujours pas obtenu de grands ministères régaliens comme la Défense, les Affaires étrangères ou les Finances.

Lors de leur passation de pouvoir mardi, le nouveau Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga, 63 ans, et son prédécesseur, Abdoulaye Idrissa Maiga, ont "émis le vœu ardent de voir la nouvelle équipe gouvernementale remporter de nouvelles victoires sur les chantiers de la paix et de la cohésion sociale, de l'amélioration des conditions de vie et surtout de la lutte implacable contre les groupes terroristes qui endeuillent chaque jour" le pays, selon un communiqué officiel.

Le président Keïta, au pouvoir depuis 2013, a annoncé dans ses vœux de Nouvel an, qu'une loi "d'entente nationale" exemptant de poursuites "tous ceux impliqués dans une rébellion armée", à condition qu'ils n'aient "pas de sang sur les mains" verrait bientôt le jour.

"Je ne comprends pas qu'il faille attendre la fin de son mandat" et qu'il jette cela "comme une sorte de scoop à la veille des élections" prévues dans le courant de l'année, a déclaré mardi à l'AFP le chef de file de l'opposition, Soumaila Cissé.

"Cela relève manifestement d'une manoeuvre politicienne (...) Le président serait bien avisé de ne pas faire croire aux gens +Je suis sur la bonne voie. Elisez-moi et je vais finir le travail", a ajouté M. Cissé, battu au second tour en 2013 par Ibrahim Boubacar Keïta. Dans ses vœux, le chef de l'Etat n'a pas dit s'il serait candidat à l'élection présidentielle dont la date n'a pas encore été fixée.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de l'armée face à la rébellion, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.

Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région à la suite du lancement en 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement frappées par des attaques, malgré l'accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, mais dont l'application accumule les retards.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 02/01/2018 à 21h51, mis à jour le 03/01/2018 à 09h51